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Un enfant sur trois dit avoir subi des violences sexuelles en Guyane

La caravane Mouv’enfants s’est arrêtée en Guyane pour la deuxième fois en deux ans. À Roura, elle a réuni acteurs de terrain et associations, afin de libérer la parole et renforcer la lutte contre les violences sexuelles faites aux mineurs.

  • Par: adminradio
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En 2024, l’Association guyanaise d’aide aux victimes (AGAV) a mené des actions de prévention auprès de 2 800 collégiens et lycéens. Le constat est alarmant : 30 à 40 % d’entre eux disent avoir été victimes d’agressions sexuelles. Pour Laurry Choisnard, présidente de l’Association Guyanaise pour l’Initiative et la Réussite en Autonomie (AGIRA), le problème est profond : 

« Nous ne devons plus banaliser aucune forme de violence. On parle de moyens, mais on n’analyse pas assez ce qui structure cette problématique. En grandissant dans un climat de violence, on finit par croire que c’est normal. Cette banalisation se perpétue même à l’âge adulte. »

« Un manque de volonté politique »

Créée en 2023, l’association Mouv’enfants sillonne la France avec une caravane pour recueillir la parole des victimes et écouter les professionnels. Cofondateur de l’association, l’anthropologue Arnaud Galais, lui-même victime dans sa jeunesse, regrette l’absence de pilotage clair : « La vraie question, c’est qui est responsable de la coordination ? Pourquoi l’État, la préfecture, ne jouent-ils pas ce rôle ? La protection des enfants ne peut pas reposer uniquement sur la collectivité territoriale. Tout le monde doit agir. Aujourd’hui, ce qui manque, c’est une volonté politique. »

Pour lui, les violences sexuelles ne peuvent être relativisées au nom de la culture ou des traditions :

« Maltraiter un enfant n’a jamais été de l’ordre d’une culture. C’est une question de pouvoir. Et on peut agir collectivement. »

Prévenir pour libérer la parole

Depuis le Grenelle des violences conjugales, des outils ont été créés pour mieux accompagner les victimes. En Guyane, les Maisons de protection des familles (MPF), unités spécialisées de la gendarmerie, mènent un travail de prévention en milieu scolaire et d’accueil des victimes. L’adjudante-cheffe Sabine Juanole insiste sur l’importance d’expliquer les droits aux enfants :

« Certains enfants n’ont pas conscience que ce qu’ils subissent n’est pas normal. Quand on leur dit ce qui est interdit et ce qui est autorisé, la parole se libère. Les retours sont très positifs : les enfants nous reconnaissent, viennent nous parler, et nous accueillent avec confiance. »

Les Maisons de protection des familles (MPF) disposent également de personnels formés pour recueillir la parole des mineurs victimes, dans des locaux spécialisés.

Adapter la lutte aux réalités du territoire

Les échanges en Guyane ont mis en avant la nécessité d’adapter les dispositifs aux spécificités locales, notamment dans les communes isolées, avec l’appui d’experts et de médiateurs de terrain. À l’issue de la rencontre, les recommandations formulées seront consignées dans un livre remis au Haut-Commissaire à l’Enfance, au Premier ministre et au Président de la République.

La caravane poursuit sa route : prochaine étape à Saint-Georges de l’Oyapock ce mardi 19 août, puis à Camopi le 21 août.