themes/default/item_post.html.twig

Les résultats inquiétants d'une étude sur l'accès aux soins

  • Par: abehary
  • Date:
Il y a un manque de médecins généralistes en Guyane et une partie de la population vit trop loin d'un docteur.

C'est ce que révèle une étude de l'Insee Guyane intitulée « l'accès aux soins à l'épreuve des grands territoires guyanais ».

Cette étude s'intéresse au nombre de médecins généralistes et spécialistes ainsi qu'à l'accès de la population à la médecine de ville, en écartant celui aux urgences et aux hôpitaux.

Premier constat : il y a un déficit de médecins généralistes en Guyane, qui ne sont que 44 pour 100 000 habitants, soit moitié moins que dans l'hexagone, où on en compte 85 pour 100 000 habitants. De plus, il y a aussi un manque de spécialistes comme des dentistes, des ophtalmologistes ou des psychiatres.

Certains spécialistes n'exercent pas en libéral ici, comme les pédiatres par exemple.

Quelles sont les conséquences de ce manque de médecins et de l'éloignement d'une partie de la population ?

Selon Rémi Charrier, responsable de l'unité « étude et diffusion » à l'INSEE Guyane, « il doit y avoir une logique de renoncement ». Pour la médecine de ville, en général, le malade prend la décision d’aller voir son médecin la veille pour le lendemain. Ainsi selon lui, « ceux qui sont éloignés d’un médecin prendront du temps à y accéder, ils hésiteront à prendre la décision d’y aller ».

Cette étude a été menée par l'INSEE, en partenariat avec l'ARS, l'Agence régionale de santé. Pour Jacques Cartiaux, directeur de l'ARS de Guyane, le manque de médecins est dû à un problème d'attractivité du territoire, mais aussi à un manque de formation des jeunes guyanais :

« Je suis persuadé qu’il faut promouvoir les études médicales et paramédicales en Guyane même si cela n’empêche pas les jeunes médecins de s’installer ailleurs. »

En Guyane, seule la première année de médecine est dispensée à l'université. Ensuite, l’étudiant doit partir soit aux Antilles, soit en métropole.

Jacques Cartiaux, directeur de l’ARS de Guyane annonce que « le gouvernement a un plan ». (Photo : M.Romagnan)

Il considère que pour attirer un médecin ici « il faut pouvoir l’assurer qu’il trouvera un logement décent, un emploi pour sa ou son conjoint(e) voire des établissements scolaires pour ses enfants ». Il affirme qu’à partir d’un guichet unique, il faudra « mettre en œuvre toutes les aides qui peuvent rendre la Guyane attractive ». Jacques Cartiaux met en avant plusieurs solutions envisagées comme une maison de la santé pluridisciplinaire, une aide conventionnelle en accord avec la Sécurité Sociale, des zones franches, de la télémédecine qui sont des opportunités que l’on peut offrir aux médecins.

Deuxième constat : il faut en moyenne 9 minutes de trajet par la route pour accéder au premier médecin généraliste. Mais pour 10% de la population, ce trajet est en moyenne de 20 minutes. Ces chiffres ne prennent pas en compte les communes de l'intérieur mais uniquement les populations littorales, c'est à dire celles reliées par la route d'Apatou à Saint-Georges de l’Oyapock. Rémi Charrier, responsable de l'unité « étude et diffusion » à l'INSEE Guyane, explique que l’approche est différente dans ces communes :

« Des médecins généralistes, hors libéraux, il n’y en a pas. Les populations de l’intérieur sont dans une problématique de non accès à la médecine de ville. Pour y remédier, il y a les centres délocalisés de prévention et de santé qui font fonctionner la médecine dans ces communes. »

Ainsi, cette étude n'a pas pour objectif de présenter une vision totale de l’accès à la santé du territoire car elle prend en compte que le critère des villes reliées par une route. Dans les communes de l'intérieur, l'étude montre qu'il y a un autre type d'accès à la santé, comme celui des centres délocalisés de prévention et de santé. Autres points de détail, l'étude calcule le temps de trajet jusqu'au cabinet du médecin, mais pas le temps d'attente à l'intérieur de celui-ci. Elle fait état d'un manque de spécialistes mais elle ne précise pas le délai d'attente pour y obtenir un rendez-vous. Ces situations peuvent être tout aussi dissuasives.

Notez qu'il y a en revanche en Guyane plus d'infirmiers et de sages-femmes libéraux par habitants qu'en métropole.

Vous pouvez retrouver cette enquête en intégralité sur le site internet de l'INSEE.