L’ORCG passe le relais à la CTG pour la candidature du Touloulou à l’Unesco

Lors d’une conférence de presse tenue ce samedi 3 mai, l’ORCG a présenté son bilan comptable et officialisé sa décision de se retirer du pilotage du dossier de candidature du Touloulou à l’Unesco. En cause : un désaccord profond avec la CTG sur les financements alloués à l’association. Alors que la CTG affirme avoir attribué un demi-million d’euros, l’ORCG, documents à l’appui, estime qu’il y a un écart de 296 364,87 euros. « Pour nous, il y a des erreurs », précise Katia Sébéloué, trésorière adjointe de l’ORCG :
« Le dossier a été transmis hier à la collectivité. Nous avons travaillé sur un bilan décennal comme demandé, mais à ce jour, nous n’avons toujours pas reçu le document officiel justifiant les 500 000 euros avancés. »
© Membres de l'ORCG - photo : A.BeharyLS - Radio Péyi
La trésorière adjointe souligne également des écarts flagrants dans les chiffres fournis par la CTG. « On nous a dit qu’une personne avait été mise à disposition pendant cinq ans, or nos arrêtés montrent une durée de 16 mois. Ce n’est pas une petite différence. »
© Des touloulous lors d'une parade à Cayenne - Photo : A.BeharyLS - Radio Péyi
Un départ sur fond d’amertume et de déceptions de certains soutiens de la première heure
Au-delà des chiffres, c’est le manque de reconnaissance du travail accompli qui a nourri la décision de l’ORCG. « Oui, il y a de l’amertume. Il ne faut pas se voiler la face », confie Katia Sébéloué. « Ce sont des bénévoles qui ont porté ce dossier pendant dix ans. Ce n’est pas pour nous, c’est pour le rayonnement de la Guyane et de son carnaval. »
© Parade de Macouria février 2025 - A.BeharyLS - Radio Péyi
Pour Monique Blérald, présidente de l’ORCG, la rupture semble définitive :
« Les membres peuvent poursuivre. Moi, je me mets en retrait. Mon nom est jeté en pâture. Dans la rue, je vois les regards suspicieux comme ceux de mes étudiants. Je remercie, en tout cas, la Guyane et les carnavaliers qui nous ont soutenus pendant ces dix années. »
L’annonce du retrait a provoqué des réactions vives dans la salle, où plusieurs personnalités culturelles ont appelé l’ORCG à reconsidérer sa décision. Dominique Cyrille, conseillère pour le patrimoine culturel immatériel, a exprimé son incompréhension :
« Je comprends la déception, mais c’est une erreur monumentale de lâcher maintenant. 80 % du travail est fait. On ne s’arrête pas à quelques mètres de l’arrivée. Continuez de manière indépendante, avec vos associations. »
Même son de cloche du côté de Philippe Alice-dit-Clauzel, organisateur de bals parés-masqués et ancien président de l’union des festivals et carnavals de Guyane :
« J’espère que ce n’est qu’un coup de gueule, une forme de cri d’alerte. Nous avons mené tant d’actions ensemble. C’est vraiment dommage d’en arriver là. »
Un flambeau transmis, mais un engagement maintenu
L’ORCG affirme que ce retrait ne signifie pas la fin de son engagement pour le carnaval. « Nous avons simplement remis le dossier à la CTG pour qu’elle poursuive le travail », précise Katia Sébéloué. « L’Observatoire continuera à œuvrer pour la transmission intergénérationnelle, la valorisation de notre culture et la promotion du carnaval. », conclut-elle.
Emmanuel Prince, vice-président de la CTG chargé de la Culture, en déplacement, devrait s’exprimer prochainement sur le sujet après consultation de ses équipes.