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Les familles d’élèves harcelés et violentés du collège Concorde racontent …

  • Par: abehary
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Les parents et deux collégiens concernés par des actes de violence et d’harcèlement témoignent de ce qui s’est passé le 24 janvier 2018 au sein de l’établissement.

Ce jour-là, au collège Maurice Dumesnil-Concorde, une bagarre a éclaté entre des élèves et un agent d’entretien, également parent d’élève de l’établissement. Lors de l’altercation, une conseillère principale d’éducation (CPE) a été blessée par un jet de chaises. L’évènement a entraîné la grève des personnels du collège.

Un évènement dont l’origine remonte à quelques mois

Fin novembre, Stacy Rodrigues Macedo, 12 ans, élève de 5ème au collège Concorde, a été agressée près de l'établissement par un groupe de filles habitant à Cogneau-Lamirande (Matoury) à cause de « sa façon de s'habiller ». Une main courante a été déposée à la gendarmerie. « J’espère que des mesures seront prises par la principale du collège. J’ai un peu peur mais je pense que ça ira à la rentrée » témoigne aujourd’hui Stacy Rodrigues Macedo.

Reylan Jean-Baptiste, élève d’une autre classe de 5ème, a soutenu Stacy Rodrigues Macedo ce jour-là. Pour ce fait, il a aussi été victime d’harcèlement. « Juste parce que j’ai défendu cette fille, une autre est venue, elle a commencé à la menacer. Elles ont commencé à se battre puis je les ai séparées et les autres élèves de Cogneau sont venus pour se battre aussi ».

Emmanuelle Dipp, Grand-Mère de Reylan, Jonathan Jean-Baptiste, agent d'entretien au collège Concorde, Reylan Jean-Baptiste, élève de 5ème, Stéphanie Pardonipade, maman de Reylan et Tatiana Pardonipade, tante de Reylan et une autre parent d'élève. (Photo : N.Mézil)

Son père, Jonathan Jean-Baptiste, est l'agent d'entretien et travailleur en situation de handicap impliqué dans la bagarre du 24 janvier. Il témoigne de ce qui s'y est passé :

« Le matin, vers 10h, je devais nettoyer les locaux de la direction. L’élève qui a été renvoyé du collège quelques jours avant passe devant moi et me provoque. A ce moment là, c’était la sortie de classe. Il y avait du bruit, je n’entendais pas bien mais je pense qu’il m’insultait. Quand je suis descendu au bureau de la CPE, l’élève y était. C’est à ce moment que ça a dégénéré. Il s’est mis à chercher quelque chose dans son sac, peut-être une arme. Je me suis rapproché de lui pour éviter qu’il fouille dans son sac. Ensuite, il a envoyé une chaise sur moi. Je l’ai attrapé pour le maîtriser. Un autre professeur qui passait par là nous a séparés. Je me suis retrouvé par terre et l’élève m’a frappé ». Quelques jours avant, cet élève, accompagné d’autres jeunes, avait déjà menacé et frappé l’agent d’entretien devant son domicile. Ceux-ci avaient alors jeté des bouteilles sur lui. En réaction, Jonathan Jean-Baptiste avait saisi une barre de fer pour leur faire comprendre « qu’il en a marre ». Il a été frappé puis a glissé. Les jeunes se sont enfuis. L’élève impliqué avait alors été exclu quelques jours de l’établissement.

Jonathan Jean-Baptiste a voulu témoigner de son incompréhension après avoir été écarté du collège par la principale à titre conservatoire. Selon lui, la direction lui reproche de s’être opposé aux élèves. Il va tout de même retourner mercredi et espère pouvoir la rencontrer afin de discuter de la situation.

Une mobilisation de la famille, de parents d’élèves et de Trop Violans

La grand-mère de Reylan et mère de Jonathan, Emmanuelle Dipp, est venue de métropole il y a 3 semaines pour soutenir sa famille. Elle a participé aux manifestations devant le rectorat. « J’ai pris l’avion, je n’ai pas voulu laisser mes enfants seuls dans cette situation. Mon fils et mon petit-fils ont reçu des menaces. On leur a dit que s’ils sortaient durant le carnaval, ils se feraient tabasser » raconte-t-elle. Elle déplore que peu de parents d’élèves aient participé aux manifestations.

Selon les parents d’élèves, la direction de l’établissement a prévu plusieurs mesures : la mise en place d’une cellule d’écoute, l’interdiction pour les enfants de circuler dans les couloirs du collège quand ils n’ont pas cours et un dispositif visant à s’assurer que tous les élèves prennent leur bus en fin de journée.

L’association Trop Violans interpelle les autorités sur le phénomène de violence dans les établissements scolaires. Olivier Goudet, président de l’association, s’interroge sur la motivation de la direction d’écarter l’agent d’entretien qu’il soutient. « Il n’est pas question que les fauteurs de troubles soient dans l’enceinte de l’établissement et que Reylan et Jonathan Jean-Baptiste soient déplacés ailleurs » affirme-t-il.

La famille Jean-Baptiste aimerait que la tension soit retombée à la rentrée des vacances de carnaval. « J’espère que mon fils pourra travailler sans tension et que mon petit-fils pourra suivre sa scolarité sereinement » déclare la grand-mère.

Pour rappel, Les acteurs de la sécurité et de l'éducation se sont réunis vendredi 9 février à la caserne de gendarmerie de Cayenne pour trouver des solutions face à la multiplication des violences aux abords des établissements scolaires. (voir article ici )