"Des moyens plus forts vont être déployés", assure Etienne Desplanques, préfet de Martinique, au lendemain d'un triple homicide

Etienne Desplanques l'assure : "les policiers sont déterminés à trouver le ou les auteurs", des dizaines de tirs d'armes à feu qui ont provoqué la mort de trois hommes à l'entrée de la rue Schoelcher à Fort-de-France, dimanche matin.

Un triple homicide commis vers 7 heures du matin en pleine rue devant des témoins effarés et choqués ce dimanche. Un choc qui s'est transformé en colère et en incompréhension. Des sentiments relayés par les élus de la Martinique.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a réagi via son compte X, estimant que la situation nécessitait la mobilisation de tous les acteurs politiques et sociaux : 

“Le nouvel épisode de violence qui s'est déroulé à Fort-de-France ce dimanche 11 mai est insupportable et nécessite la mobilisation de tous les acteurs politiques et sociaux contre le trafic de drogue et la circulation des armes. L'État mettra tout en œuvre pour trouver les auteurs et les traduire en justice”.

Même son de cloche du côté du Ministère des Outre-mer : 

“Face à la tragédie de Fort-de-France, le ministre d'État réaffirme l'engagement total de l'État contre la violence qui déchire la Martinique. Ces phénomènes criminels liés aux trafics qui secouent l'île recevront une réponse implacable et massive”. 

Invité de la rédaction de RCI ce lundi matin, le préfet de Martinique a longuement évoqué les stratégies en place pour rétablir la sécurité sur le territoire martiniquais.

Etienne Desplanques a, par exemple, mis en avant le déploiement de moyens techniques d'ici le mois de juin 2025 :

“Des moyens plus forts vont être déployés, vous le savez, dès le mois de juin. Les deux radars ont été livrés, seront opérationnels au mois de juin, ainsi que les scanners sur le port et le drone de longue portée. Ce sont des moyens techniques importants, des moyens aussi humains que je compte, moi aussi, mettre à disposition des enquêteurs, à partir des moyens qui me sont à disposition, pour plus de contrôle”

Des moyens humains qui serviront surtout à sécuriser le centre-ville de Fort-de-France. En effet, entre le 10 avril et le 11 mai 2025, 6 meurtres ont été commis à Fort-de-France dont 5 sur la ville basse.

“Ça se concentre sur Fort-de-France et je pense beaucoup au centre-ville, parce que ce n'est pas le premier événement qu'on a sur ce site-là. Donc, dans les jours qui viennent, avec les forces de police, nous allons déployer les moyens. Je rencontre le maire aujourd'hui et nous aurons l'occasion d'échanger sur aussi les moyens municipaux qui peuvent être déployés”

Pour le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, ces annonces "vont dans le bon sens" mais il faut aller plus loin dans le déploiement des moyens selon le maire foyalais :  

“Mais pour tenir sur la durée, il faudra que le gouvernement prenne ses responsabilités et renforce sérieusement les moyens de lutte contre le trafic de stupéfiants et d'armes. Il faut que ces mesures puissent aller dans la durée et permettre d'avoir une réponse sur du moyen long terme”

© RCI 

1 000 cartouches saisies sur des yoles en 5 mois

Au-delà de Fort-de-France, c'est bien de la protection de toute la Martinique dont il est question. Etienne Desplanques a levé le voile sur une opération de longue haleine en cours sur le littoral. Il s'agit de l'opération Scotopélia dont le préfet a révélé les premiers résultats : 

“Nous avons mené, depuis le mois de janvier, une opération très discrète qui s'appelle Scotopelia, avec les gendarmes, où nous postons des gendarmes mobiles sur les principales plages. Cette opération, je l'avais volontairement menée de manière très discrète pour ne pas donner, en quelque sorte, un coup d'avance aux narco-trafiquants. Nous avons intercepté 14 yoles. Dans ces 14 yoles, on a trouvé 1 000 cartouches, 1 000 cartouches d'armes”

Des armes ont aussi été saisies, assure le préfet de Martinique :

“Ce que je peux vous dire, c'est que ces armes, d'abord, ce sont beaucoup des armes récentes. Ce sont des armes de 9 millimètres, des Glock, des Taurus. On trouve aussi quelques armes longues. Qui viennent, pour beaucoup, disons-le clairement, des États-Unis. Elles circulent ensuite dans les Antilles via Sainte-Lucie et via La Dominique”

Outre les moyens humains et techniques alloués aux forces de l'ordre, le représentant de l’Etat compte aussi sur la participation de la population notamment en matière de renseignement :

“Ça doit être une prise de conscience collective pour aussi que nous ayons, et je le dis, du renseignement. C'est-à-dire qu'il va falloir que l'on puisse avoir sur le trafic de stupéfiants et sur le trafic d'armes une coopération pleine et entière, parce que ça nous concerne tous. Et face aux armes, je sais que beaucoup savent que telle ou telle personne ont des armes, il faut nous aider. Il faut aussi aider les services de police et de gendarmerie. C'est mon message. C'est une affaire aussi collective”

Depuis début 2025, les forces de sécurité ont déjà saisi 51 armes à feu, plus de 400 kg de stupéfiants et 10,1 tonnes de cocaïne en haute mer. En 2024, 177 armes et 2,1 tonnes de drogues avaient été confisquées sur l’île. Plus de 2 600 armes ont été détruites depuis 2022. Une campagne de contrôle des détenteurs non déclarés est en cours. On déplore déjà 12 homicides depuis janvier.