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Evolution statutaire : le dialogue reprend entre Paris et les élus guyanais

Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a annoncé lundi soir à Cayenne la reprise officielle des négociations sur l’évolution statutaire de la Guyane. Deux rendez-vous sont prévus en juillet à Paris, avec l’objectif de poser les bases d’une réforme constitutionnelle. Une avancée saluée avec prudence par les élus guyanais.

  • Par: adminradio
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Après plus d’un an d’interruption, le projet d’autonomie pour la Guyane repart sur les rails. Lors d’une rencontre tenue ce lundi 16 juin à l'hôtel territorial de la Collectivité territoriale de la Guyane (CTG), le ministre des Outre-mer Manuel Valls a confirmé qu’il recevrait les élus guyanais « dans la première quinzaine de juillet » à Paris pour amorcer les discussions.

« Je souhaite vous recevoir pour évoquer l’ensemble des questions qui se posent à la Guyane », a déclaré le ministre, annonçant également un second rendez-vous à l’Élysée, en présence d’Emmanuel Macron : « Le président est prêt à examiner directement avec la Guyane le projet. »

Ce projet d’évolution statutaire, initié en mars 2022 et affiné durant les congrès de 2023 et 2024, prévoit notamment un transfert de compétences en matière d’aménagement, d’agriculture, de transport ou encore de gestion des ressources naturelles. Une ambition stoppée net lors de la visite présidentielle en mars 2024, Emmanuel Macron s’étant alors refusé à toute révision constitutionnelle.

« Il faut démétropoliser les Outre-mer » (Manuel Valls)

Si le retour du dialogue institutionnel est salué par les élus, chacun reste lucide sur les obstacles à venir. « C’est loin d’être facile de modifier la Constitution », a rappelé Manuel Valls. « Il faudra convaincre les parlementaires et le président, qui est le seul à pouvoir initier une révision. »

© G. Vernet - Radio Péyi 

Pour Davy Rimane, député de la deuxième circonscription de Guyane, la prudence reste de mise : « Aujourd’hui, il [Manuel Valls] a annoncé lui-même qu’il reprend les négociations. C’est une bonne chose. Mais ce sont les actes qui comptent à la fin, pas seulement les paroles. ». L’élu espère désormais que les discussions aboutiront à un accord-cadre :

« Nous avons voté l’évolution statutaire à l’unanimité en Guyane. Je ne vois pas pourquoi des parlementaires de l’Hexagone s’y opposeraient, sauf à vouloir imposer une logique géopolitique. »

Au-delà de l’évolution statutaire, le ministre s'engage vers une approche plus globale de la situation guyanaise :

« Le dialogue reprend sur tous les sujets : la vie chère, le désenclavement, l’autonomie. J’ai tracé un cadre : une nouvelle relation entre les Outre-mer et l’État, faite de respect et d’écoute. Il faut sortir d’une vision paternaliste. »

Un projet de loi sur le pouvoir d’achat sera ainsi proposé, en parallèle des discussions institutionnelles. L’objectif, selon Valls : « "Démétropoliser" la relation entre Paris et la Guyane.»

Christiane Taubira : « Il faut une exigence plus élevée »

Présente à Cayenne, l’ancienne ministre de la Justice et ancienne députée de Guyane, Christiane Taubira, a salué la qualité des échanges tout en appelant à plus d’ambition. « Les revendications actuelles sont modestes au regard de l’histoire de la Guyane et du potentiel de notre territoire. » Elle pointe également les limites d’un consensus systématique au sein des élus :

« Le souci d’unanimité assèche le dynamisme. Nos élus sont compétents et porteurs d’une vision. Il n’y a pas de raison démocratique de rester enfermés dans ce carcan. »

© G.Vernet - Radio Péyi

Le ministre a enfin annoncé sa participation au Congrès des maires de Guyane en septembre, signe que le gouvernement souhaite maintenir le dialogue sur la durée. Reste à voir si les actes suivront les annonces et si, cette fois, la Guyane pourra bel et bien embarquer dans le « même wagon » que la Nouvelle-Calédonie ou la Corse, comme le souhaite Davy Rimane.

Suite des discussions à Paris, juillet 2025.