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Des inquiétudes autour de l’avenir de la filière pêche sur la question cruciale du renouvellement de la flotte

Le renouvellement des flottes de pêches en outre-mer est-il menacé ? Différents acteurs de la pêche s’inquiètent de la possible rétractation de la Commission européenne autorisant les aides de l’État pour financer le renouvellement des flottes de pêches dans les régions ultrapériphériques. Une décision qui mettrait en péril les professionnels de la mer.

  • Par: adminradio
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Pour rappel, la Commission européenne avait autorisé la France à renouveler la flotte de pêche dans cinq régions ultrapériphériques de l’Union européenne, dont la Guyane. Au total, plus de 63,8 millions d'euros avaient été annoncés, dont 17 millions pour les pêcheurs Guyanais.

Mais la commission européenne avait posé certaines conditions : dont celle que les autorités françaises démontrent que la ressource (le poisson et les crevettes en Guyane) était présente en quantité suffisante dans les eaux de chaque territoire. Problème : la France serait loin d’avoir finaliser ce dossier, qui est attendu au plus tard à la fin du mois de mai. 

Plus précisément, il manquait à la Commission européenne un rapport très détaillé sur l’état de la ressource et les besoins des flottes de chaque département ultramarin, censé être rendu chaque année au 31 mai. Or, la France n’aurait pas rendu, ou partiellement, ce rapport depuis l’adoption en 2017 de la proposition de l’eurodéputé Younouss Omarjee. Et l’aide de 63,8 millions d’euros promise en mars 2022 serait donc désormais caduque.  

Une semaine seulement après la fin du déplacement en Guyane du secrétaire d’Etat chargé de la Mer, la profession craint désormais que le renouvellement de la flotte passe à la trappe. C’est ce que nous précise Léonard Raghnauth, le président du Comité régional des pêches en Guyane

« Pour la pêche crevettière, nous avons essayé de proposer un état des lieux des stocks. En 2016, on a présenté un dossier. Pour évaluer cette fois, les stocks en mer, il faut des bateaux avec des spécialistes mais nous n’avons pas de bateau. C’est le serpent qui se mord la queue »

Léonard Ragnauth, le président du Comité régional des pêches en Guyane (Photo : V.Zammit - Radio Péyi) 

« Si les autorités n’ont pas fait le nécessaire en cinq ans, nous voyons mal comment le dossier pourra prêt en quelques semaines seulement » ajoute, le président du Comité régional des pêches en Guyane. 

Interrogé par nos partenaires d’Outremers360, l’eurodéputé Réunionnais regrette ce manquement de la part de l’Etat :

« C’est un gâchis immense. Pendant cinq ans, rien n’a été fait par la France pour produire et transmettre en conformité avec les règles européennes les données demandées par la Commission européenne. La porte que nous avions ouverte pour nos pêcheurs se referme aujourd’hui. À présent, nous devons repartir au combat et réparer les manquements de l’État. Nous travaillons d’ores et déjà à une solution alternative, mais cette situation est inacceptable »

La Commission européenne conclut en précisant que « l'évaluation de la France n’est ni sincère ni complète, et qu’en conséquence les aides d’État pour le renouvellement des flottes ne peuvent pas être accordées ».

Younous Omarjee, député européen 

« La solution désormais recherchée avec la Commission européenne repose sur un autre volet réglementaire des aides d’État, qui s’il est accepté restera toutefois plus défavorable que ce qui avait été négocié. En parallèle de ces discussions, la France a encore les moyens d’introduire un dossier avec des données complètes, je l’appelle à y travailler sans délai également »,  ajoute Younous Omarjee.