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Pêche illégale : enfin des bonnes nouvelles du Suriname ?

Au mois de décembre, une mission d'inspection conjointe entre le Suriname et la Guyane a été mise en place. La deuxième du genre, pour contrôler les navires et vérifier les licences.

  • Par: adminradio
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Sept navires ont été contrôlés dans l'estuaire du Maroni. Car on le sait, au large du plateau des Guyanes, ce qu’on appelle la pêche INN (illicite, non déclarée et non-réglementée) fait des ravages, économiquement, comme d’un point de vue écologique. Ces opérations sont montées entre le comité des pêches de Guyane, la Direction des Pêches du Suriname et le WWF. 

Il y a urgence à agir devant la raréfaction de la ressource halieutique, et les instances surinamaises commencent à changer de mentalité remarque Tony Nalovic. Il est ingénieur halieutique au Comité régional des pêches de Guyane :

“Les contrôles consistent à aborder des bateaux de pêche, leur demander leur licence, vérifier les papiers. S'il y a des problèmes ou des faux papiers ou des fausses licences, à accaparer des navires, faire des saisies, contrôler les gens, arrêter des gens, chose que le Suriname, à notre connaissance, n'avait pas fait jusqu'à présent. Et donc, la première a eu lieu en novembre, ce n’était pas parfait parce qu'ils n 'avaient pas l'habitude, ils n'avaient jamais mis ça en œuvre, donc, ils n'avaient pas de moyens de récupérer les documents des bateaux, quand ça bouge en mer, voilà, ce n’était pas parfait. Mais, basé sur cette expérience, on a fait un deuxième contrôle conjoint, cette fois-ci. On est partis à Saint -Laurent, et on est sortis vers l'estuaire du Maroni. Cette fois aussi, c'était exceptionnel, parce qu'on a coordonné, avec la patrouilleuse L'Organabo, un patrouilleur français, on a coordonné une rencontre à la frontière. Le lendemain de ce contrôle, puisque l'Organabo a passé la nuit vers l'estuaire du Maroni, en rentrant vers Kourou, elle a topé un bateau qui avait une licence du Suriname, et qui était en activité de pêche illégale. Cette information est remontée, et la direction des pêches du Suriname, ont convoqué cet armateur de bateau, et ils ont fait disparaître cette licence de pêche.”

Une dynamique positive qui laisse présager d’une collaboration fructueuse à la frontière entre la Guyane et le Suriname. Cependant, pour une réelle efficacité, il faudrait encore accroître la coopération régionale entre tous les pays du plateau des Guyanes, où les enjeux diffèrent d’un Etat à l’autre, selon l’ingénieur :

Chaque pays est différent, et le Venezuela n’est pas vraiment en état de négocier. En ce moment, ils ont des complications politiques qui nous dépassent largement. Des mauvaises nouvelles viennent du fait que les flottes du sud de Brésil qui n'attrapent plus rien commencent à migrer vers le nord. Le Suriname est un état qui développe et il n'a pas encore des moyens financiers leur permettant d’agir en termes de contrôle des pêches. Le Guyana, maintenant, ils ont de l 'argent. Ils sont en train de faire des investissements. Pour eux, l'image internationale est très importante. Il faut savoir ajuster la négociation pour chaque pays. Là, très concrètement, le comité des pêches, les services de l'État français, WWF, l’IFREMER vont se déplacer au Suriname pour rencontrer les homologues du Guyana et du Suriname en même temps sur des sujets qui ont déjà été portés à notre attention sur lesquels on n'avait pas eu le temps d'échanger.

D’autres missions conjointes devraient suivre jusqu’à l’année prochaine afin de lutter contre la raréfaction des ressources halieutiques du fait des activités illégales, un enjeu majeur pour le plateau des Guyanes.

L'interview complète de Tony Nalovic est à retrouver en streaming : https://smartlink.ausha.co/radiopeyi/l-invite-du-7h-28-mai-2024-tony-nalovic