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Suriname : élections générales, vers un changement au palais présidentiel ?

Ce dimanche 25 mai, les bureaux de vote ouvriront dans tout le Suriname pour un scrutin à fort enjeu, à la fois national et local. Cinquante ans après son indépendance, le pays d’Amérique du Sud pourrait entrer dans une nouvelle ère politique, marquée par une réforme électorale majeure et des espoirs économiques portés par la découverte de pétrole et de gaz offshore.

  • Par: adminradio
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Les bureaux de vote ouvriront dimanche dans tout le pays pour l’élection majeure du Suriname. Pour la première fois, les élections législatives se dérouleront dans une circonscription unique : les électeurs voteront à la fois pour leurs représentants au Parlement et dans les districts. Au total, 14 partis politiques sont dans la course (contre 17 en 2020).

50 ans après son indépendance, le Suriname expérimente cette année un nouveau mode de scrutin : les anciennes circonscriptions ont été supprimées et les 51 sièges seront attribués dans une seule circonscription nationale.

« Nous nous dirigeons vers un nouveau système où l’on veut rendre les choses équitables. ‘Un électeur, une voix’ : c’est l’idée maîtresse », explique Bharti Girjasingh, politologue à l’université Anton de Kom de Paramaribo, spécialiste du développement démocratique au Suriname. Ce nouveau modèle favorise les zones urbaines densément peuplées comme Paramaribo, au détriment des régions rurales autrefois surreprésentées : 

« Ce système bénéficie aux partis qui ont une forte base à Paramaribo, car c’est là que vivent la majorité des électeurs. Il ne suffit plus d’être populaire dans son propre district : il faut convaincre à l’échelle nationale ».

Des ressources naturelles au cœur des enjeux

Outre cette refonte institutionnelle, le principal enjeu politique et économique reste la gestion des ressources naturelles, notamment les récentes découvertes de pétrole et de gaz en mer.

« Le pays est à la porte d’une immense richesse », souligne Girjasingh. « Mais pour transformer cela en bénéfice réel, il faut un système de gouvernance solide et des négociateurs compétents face aux multinationales. Or, notre expérience avec l’or montre que nous avons signé de mauvais contrats dans le passé. »

© Port commercial de Paramaribo - A.BeharyLS - Radio Péyi

Ce potentiel boom pétrolier pourrait transformer le Suriname dans la prochaine décennie, mais les retombées ne seront pas immédiates. Girjasingh tempère l’enthousiasme : « Ce ne sera pas dans cinq ans, mais peut-être dans dix. Encore faut-il que les dirigeants soient intègres et pensent au pays, pas à leur propre intérêt. »

Une nouvelle génération politique, mais les vieux réflexes persistent

Cette élection marque aussi l’émergence de nouveaux partis et leaders, parfois plus jeunes, parfois issus des mouvements citoyens. Mais les grands partis historiques comme le VHP (du président sortant Chan Santokhi), le NDP (ancien parti de Desi Bouterse) ou encore l’ABOP de Ronnie Brunswijk conservent une forte assise dans certaines régions.

Bharti Girjasingh observe toutefois une lassitude croissante de la population vis-à-vis des figures politiques traditionnelles.

« Beaucoup de citoyens attendent un vrai changement. Mais ce changement ne pourra pas se faire sans une évolution profonde de la manière de penser la politique et le bien commun. »

Pour cette spécialiste de la démocratie surinamaise, l’éducation reste la clef du changement. « Penser à long terme, ça s’apprend. Aujourd’hui, les gens sont trop focalisés sur l’intérêt immédiat. Il faut apprendre à se projeter, à penser aux générations futures », insiste-t-elle. « L’amour du pays passe aussi par les petits gestes : ne pas le salir, le respecter. Cela commence à l’école, dans la famille. »