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Suriname : 45 ans d'indépendance

Notre voisin de l'Ouest fêtait ce mercredi le 45eme anniversaire de son indépendance, acquise le 25 novembre 1975. Rodolphe Alexandre ainsi que des représentants des Pays-Bas, du Guyana et du Brésil étaient invités à souffler les bougies de ce pays jeune à l'histoire déjà chargée, émaillée de coups d'État, de crises et d'une guerre civile.

  • Par: adminradio
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Le Suriname fait plus que son âge réel. A peine 45 ans et une histoire qui ressemble à celle d'un pays centenaire.

Le 25 novembre 1975, Beatrix, princesse des Pays-Bas, son époux Claus, le Premier ministre hollandais et son homologue surinamais sont tous réunis à Paramaribo. Le gouverneur général de Guyane hollandaise Johan Ferrier devient le premier président de la république du Suriname. Le même jour, le drapeau de la famille royale est retiré des bâtiments publics et les derniers militaires hollandais quittent le territoire.

Un cérémonial de circonstance pour une indépendance en grande partie acquise dans les années 1950, lorsque la reine Juliana concède de plus en plus d'autonomie aux colonies néerlandaises des Amériques et d'Asie.

Déjà apparaissent des problèmes toujours d'actualité en 2020. Le 28 novembre 1975, trois jours après l'indépendance, le quotidien Le Monde écrit : « le Suriname doit régler ses problèmes de frontières avec le Guyana à l'ouest et la Guyane française à l'est ». 45 ans plus tard, Rodolphe Alexandre, en visite de l'autre côté du Maroni, doit en toucher quelques mots au président Chan Santokhi.

Les années difficiles

Si les festivités de l'indépendance se déroulent sans heurts, les années qui suivent sont moins reluisantes. La république naissante n'est pas dotée d'un système social adapté.

Des milliers de Surinamais s'exilent aux Pays-Bas, pays dont ils parlent la langue et où ils viennent chercher un emploi. En décembre, le Monde diplomatique titre «  Une indépendance qui s'annonce mal ». La Haye avait promis de verser 3,5 milliards de florins pour aider son ancienne colonie à se développer, mais le royaume et la république ne s'accordent pas sur la manière de les utiliser.

La politique surinamaise s'organise sur des bases ethniques, partis créoles et hindustanis se font face, mais en 1980, profitant du manque d'organisation de l'administration, le colonel Desi Bouterse prend le pouvoir. Il n'exerce la fonction présidentielle que quelques jours, le temps d'installer un autre chef d’État au palais présidentiel, dont il pourra diriger les faits et gestes.

Une guerre ethnique

Le rébellion viendra de la communauté bushinengué. En 1986, le militaire Ronnie Brunswijk et ses Jungle Commandos affrontent l'armée régulière. L’État d'urgence est décrété. Des milliers d'habitants fuient le Suriname et s'installent en Guyane, la France met sur pied un plan d'aide spécial pour ces réfugiés.

En 1989, un accord de paix est signé à Kourou, que Desi Bouterse ne respecte pas. Avec un nouveau coup d’État en 1990, il refuse d'intégrer les Jungle Commandos dans les forces de sécurité et les populations exilées craignent de retourner au Suriname. La communauté amérindienne se sent flouée par cet accord de paix dont elle s'estime exclue. Un groupe armé amérindien, les Tucayanas Amazonas, entre à son tour en guerre contre les Jungle Commandos, pratiquant prises d'otages et assassinats.

(Le président surinamais Chan Santokhi dirige les cérémonies du 45eme anniversaire de l'indépendance / crédit photo : CTG)

La route vers la stabilité

La paix ne revient qu'en 1992, avec la signature d'un traité de paix tripartite entre le gouvernement, les Jungle Commandos et les Tucayanas Amazonas. La commission interaméricaine des Droits de l'Homme ouvre une enquête et exige que le gouvernement indemnise les familles des personnes disparues.

Desi Bouterse se soumet à la voix des urnes, sa formation perd les élections 1996. La politique intérieure du Suriname s'assagit sous les mandats de Jules Wijdenbosch puis Ronald Venetiaan.

L'ancien militaire revient en force en 2010 et enchaîne deux mandats. Mais poursuivi par la justice hollandaise pour trafic de drogue, coincé par un mandat d'arrêt international qui lui interdit de nombreux déplacements, puissant dans son pays, affaibli sur la scène internationale, il est battu en 2020.

Les élections de mai voient l'accession au pouvoir de Chan Santokhi, qui a fêté les 45 ans de son pays en évoquant « les hauts et les bas » traversés tout en louant « la nouvelle phase harmonieuse » dans laquelle se trouve le Suriname.