Saint-Laurent : Darmanin précise le projet de prison et confirme un quartier de haute sécurité

Ce QHS comportera environ 60 places, destinées à des détenus particulièrement dangereux, principalement liés au narcotrafic dans la zone Antilles-Guyane. Une quinzaine de places devraient également être réservées à des personnes radicalisées ou islamistes. Gérald Darmanin a justifié cette infrastructure par le niveau élevé de violence et la montée de la criminalité organisée dans la région : « Il y a largement de quoi remplir ces places avec les narcotrafiquants de Guyane et des Antilles, sans aller chercher des détenus ailleurs », a-t-il déclaré à la sortie de sa visite du centre pénitentiaire de Rémire.
Pas un mot sur les transferts depuis l’Hexagone
Le ministre n’a cependant pas évoqué les transferts de détenus de l’Hexagone, une question qui avait suscité l’indignation de nombreux élus guyanais. Ces derniers avaient dénoncé l’idée d’envoyer des criminels venus de l'Hexagone dans une ancienne colonie pénitentiaire comme la Guyane. Cette omission, volontaire ou non, semble indiquer un recul discret du gouvernement sur ce point. Si certains craignent encore que les 15 places dédiées aux détenus radicalisés soient en réalité destinées à des transferts de l’Hexagone, Gérald Darmanin a insisté sur le fait que le quartier de haute sécurité servirait d’abord à isoler des profils déjà présents dans la région, territoire ayant peu de radicalisés et de fichés S.
© AFP / Ronan Lietar
Colère des syndicats : "On masque les vrais problèmes"
Mais pendant que le ministre annonçait ce projet d’envergure, les syndicats du centre pénitentiaire de Rémire tiraient la sonnette d’alarme. Sous-effectif chronique, conditions de travail dégradées, sécurité insuffisante lors des extractions médicales : les agents dénoncent une situation tendue et l’absence de mesures immédiates. Pascal Lucien, secrétaire local du syndicat UFAP, s’alarme :
« Le ministre fait une grande annonce, mais au CP de Rémire, les agents sont seuls dans les quartiers. Les extractions médicales sont faites sans agents armés, dans des conditions dangereuses. »
Même son de cloche pour Manuella Dimanche, du syndicat UTG CGT Pénitentiaire :
« On lui demande des renforts tout de suite, pas une prison dans trois ans. On a besoin de 20 agents en plus dès maintenant. »
Pour l’heure, le permis de construire de la prison de Saint-Laurent n’est même pas signé, a rappelé Gérald Darmanin. Le chantier devrait s’inscrire dans une vision plus large de renforcement judiciaire dans l’Ouest guyanais, avec une cité judiciaire. Il a également annoncé un pôle spécialisé dans l’orpaillage illégal lors d’un échange avec les magistrats, avocats et personnel de l’administration judiciaire.