Montagne d’or : les peuples autochtones veulent enterrer définitivement le projet

Malgré l’abandon du projet Montagne d’or en 2019, ses investisseurs russes poursuivent la France devant un tribunal arbitral international, accusant l’État de ne pas avoir respecté ses engagements. En jeu : 4,5 milliards d’euros de dommages et intérêts. Face à cette procédure, trois organisations de la société civile, dont l’ONAG, ont déposé des observations, ce qu’on appelle un mémoire d’Amicus Curiae, pour tenter d’influencer la décision de ce tribunal. « Nous avons voulu continuer ce combat, puisque ça reste encore un combat », explique Milca Sommer-Simonet, présidente de l’ONAG :
« Tous les arguments sont bien justifiés et bien réels des dégâts significatifs sur l’environnement présentant un risque important de pollution au déchet cyanuré dans nos rivières et nos fleuves ».
Pourtant la justice administrative française avait tranché : la Cour d’appel administrative de Bordeaux a confirmé, le 27 novembre 2024, que les concessions minières de la compagnie Montagne d’or ne devaient pas être prolongées, en raison d’un "risque d’atteintes graves à l’environnement". Une décision, qui renforcait la position des opposants au projet.
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Protéger les terres et les droits autochtones
Dans leur contribution au tribunal arbitral international, les représentants autochtones rappellent les menaces pour la biodiversité. Mais aussi son implantation sur des terres ancestrales, à proximité de sites sacrés et de zones d’usage traditionnel. « Ce projet menaçait directement nos territoires, nos ressources, notre patrimoine culturel et nos activités traditionnelles », souligne Milca Sommer-Simonet. Pour l’ONAG, ce contentieux judiciaire ravive surtout un sentiment d’invisibilité et de mépris.
« À aucun moment, les populations concernées n’ont été consultées. On n’a pas tenu compte de ceux qui vivent dans ces zones. Ce manque de considération revient comme une blessure ».
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Un signal pour l’avenir
Si la France remporte cette bataille juridique, l’ONAG y voit une opportunité de dissuasion pour d’autres multinationales désireuses de s’implanter sur des terres autochtones. « Ce serait un signal fort. Peut-être que d’autres réfléchiront à deux fois avant de signer et de nous ignorer », conclut Milca Sommer-Simonet.
Une audience est attendue en 2026, mais d’ici là, les organisations autochtones restent vigilantes pour faire définitivement tomber Montagne d’or dans les oubliettes.