Faillite de Star Croisière : des Antillais et des Guyanais dénoncent une escroquerie après l’annulation de leurs croisières

La société Star Croisière, basée à Monaco et partenaire de plusieurs compagnies maritimes comme MSC, Costa ou Royal Caribbean, a annoncé sa mise en liquidation judiciaire. Résultat : plusieurs milliers de passagers se retrouvent sans réservation confirmée, à quelques mois, semaines voire quelques jours du départ.
Par exemple, près de 2 400 passagers devaient embarquer à bord du MSC World Europa, le 16 août prochain à Marseille. Pour beaucoup, tout était réglé, bagages presque bouclés, et pourtant… MSC leur a notifié début août qu’elle n’avait jamais reçu les sommes versées à Star Croisière, bien qu’elles aient bien été débitées des comptes des clients. Montant total estimé du préjudice pour cette croisière : plus de 5 millions d’euros.
« Nous avons payé… mais MSC n’a jamais vu l’argent »
Albanne, une habitante de la Guadeloupe, est l’une des nombreuses victimes. Elle avait réservé son voyage de rêve en janvier dernier. Elle raconte sa mésaventure à nos confrères de RCI Guadeloupe :
« On a été prélevé le 3 juin du solde de notre croisière et le 1ᵉʳ août, MSC nous annonce que Star Croisière est en cessation de paiement et qu’ils n’ont jamais reçu nos 5 500 €. Leur seule solution : nous demander de repayer la croisière directement, sans la marge. On avait jusqu’à lundi pour décider. C’est injuste. »
Du côté de la Guyane, Marion, sage-femme à Kourou, a vécu une situation tout aussi brutale :
« J’avais réservé une croisière MSC pour octobre au départ de Miami. On a payé en plusieurs fois et tout semblait réglé. Et là, on apprend qu’ils sont en liquidation judiciaire, qu’ils ne peuvent pas honorer le voyage. J’ai tout organisé pour faire ce voyage avec ma fille comprenant d’autres déplacements dans d’autres villes en plus de la croisière : billets d’avion, séjours à Miami, Orlando, New York… J’en ai eu pour plus de 15 000 €. Ce sont toutes mes économies »
Face à l’impasse, des passagers n’ont d’autre choix que de repayer
Marion a finalement décidé de repayer sa croisière, à contrecœur. « MSC m’a clairement dit : soit je repaye 2 100 € maintenant pour conserver ma cabine, soit elle sera remise en vente. J’ai été mise au pied du mur. J’ai accepté, mais c’est un vrai sentiment de prise d’otage. », explique-t-elle amèrement.
Et la situation évolue régulièrement explique les croisiéristes. Les solutions proposées changent tous les jours :
« D’abord, MSC a dit qu’il allait rembourser. Puis on nous parle de nous proposer un avoir. Ce n’est pas la même chose… Ça veut dire qu’on doit repartir avec eux, même si ce n’est pas ce qu’on voulait. Moi ce que je veux, c’est être remboursée du trop-perçu. »
Un collectif en formation, une plainte collective à venir
En réaction, les clients lésés s’organisent. Un groupe WhatsApp intitulé “Victimes de Star Croisière” rassemble déjà plus de 1 000 personnes. Une pétition a été lancée sur Change.org et une action collective est en préparation, précise la croisiériste Kouroucienne :
« Il y a des victimes dans le monde entier, et beaucoup aux Antilles et quelques-uns en Guyane. Certaines avaient réservé des tours du monde à 40 000 € avec billets d’avion inclus. »
Des juristes et avocats, eux aussi victimes de la faillite, participent au montage du dossier juridique, en lien avec les croisiéristes.
« Star Croisière semblait pourtant fiable »
Beaucoup de victimes tombent des nues. Star Croisière n’était pas une petite agence inconnue. « C’était une société connue, avec pignon sur rue. Ma copine avait déjà fait trois croisières avec eux. On ne se méfiait pas. », assure Marion. Elle en tire tout de même une leçon de cette mésaventure :
« Maintenant, je conseille à tout le monde de réserver directement sur les sites officiels des compagnies. Les agences peuvent faire faillite du jour au lendemain et garder votre argent. »
La procédure collective, attendue devant le tribunal de Monaco dans les prochains jours, pourrait clarifier les responsabilités… mais sans certitude de réparation rapide. D’ici là, de nombreux Antillais et Guyanais, qui avaient placé leurs espoirs et leurs économies dans ces voyages, restent dans l’incertitude.