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Manque d’avocats, locaux vétustes : la justice guyanaise attend des réponses

En visite officielle en Guyane après un déplacement au Brésil, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin est attendu avec impatience par le barreau local. Alors que la justice guyanaise fait face à un manque criant de moyens humains et matériels, les avocats comptent bien faire entendre leurs revendications.

  • Par: adminradio
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Réunie en colloque ce samedi 17 mai à Kourou, une trentaine d'avocats de Guyane recevait leurs homologues de l’Amapa au Brésil sur les questions de coopération judiciaire. Mais la visite du ministre était dans tous les esprits.

Depuis la fermeture du palais de justice de Cayenne en avril 2019 pour cause d’amiante, les professionnels du droit travaillent dans des conditions dégradées, les services judiciaires sont éclatés, répartis sur cinq sites différents. La future cité judiciaire de Cayenne, censée regrouper tribunal judiciaire, tribunal administratif et silo d’archives, reste un projet encore flou aux yeux du barreau déplore Maître Christine Charlot, bâtonnière de Guyane :

« Nous n’avons eu aucune réunion avec les services immobiliers du ministère concernant l’évolution de la cité judiciaire à Cayenne ». 

Sur le site du Larivot, les conditions de travail sont difficiles, indique la bâtonnière. « Ce sont des locaux inadaptés, encombrés, parfois dangereux, avec des fuites, des archives dans les couloirs… On ne peut pas continuer ainsi. »

Une cité judiciaire sans avocats ?

À Saint-Laurent-du-Maroni, la situation est encore plus critique. Le chantier de la future cité judiciaire, prévu pour 2027, avance, mais le territoire reste déserté par les avocats. Le dernier avocat permanent a quitté la ville récemment. Une pénurie chronique qui nuit gravement à l’accès au droit, insiste Maître Charlot : 

« Ce n’est pas un caprice d’avocats, c’est une difficulté réelle qui met en péril l’accès à la justice. Toutes les semaines, ce sont les avocats de Cayenne qui doivent assurer les audiences à l’ouest. Le ministère de la Justice ne peut plus ignorer cette réalité. »

Une attente de mesures concrètes

Les avocats guyanais espèrent que la venue de Gérald Darmanin débouchera sur des engagements concrets, notamment pour favoriser l’installation de nouveaux professionnels du droit, propose Maitre Christine Charlot : 

« Il faut être créatif : faciliter l’accès à des locaux, alléger certaines charges, créer des conventions avec les collectivités […] L’attractivité ne concerne pas que les avocats, mais aussi les magistrats, les greffiers […] Quand le tribunal sera construit, il devra vivre avec des ressources humaines. »

Ce dimanche matin, lors d’un point presse, Gérald Darmanin a reconnu le sous-effectif du barreau guyanais : une quarantaine d’avocats pour l’ensemble du territoire, « c’est évidemment trop insuffisant ». Il a annoncé l’arrivée de renforts en magistrats dès l’été et en septembre, tout en promettant un accompagnement au développement du barreau. « Nous devons aider ce barreau à se développer. On va travailler avec eux », a-t-il affirmé.

Le ministre doit rencontrer ce lundi 19 mai les représentants du Conseil de l’Ordre des avocats de Guyane.