Le Secours Catholique alerte sur l’urgence climatique et sociale à la veille de la COP30

Ce mercredi 31 juillet à Cayenne, le Secours Catholique Guyane a tiré la sonnette d’alarme. À l’occasion d’une conférence de presse en présence de son président national, Didier Duriez, l’organisation humanitaire a présenté son étude « Climat et pauvreté », centrée sur la commune de Camopi, située en bordure de l’Oyapock.
Pour le Secours Catholique, la situation est claire : les effets du dérèglement climatique aggravent la pauvreté, surtout dans les territoires isolés, où les populations sont souvent laissées pour compte, explique Marie-Josée Lalsie, présidente locale du Secours Catholique :
« Dans le cadre de la COP30, nous avons lancé cette étude pour donner la parole aux habitants de Camopi. Ce sont eux qui vivent les impacts du climat au quotidien. Et cette réalité est trop peu prise en compte »
Camopi, un territoire oublié frappé de plein fouet, selon les habitants
Les témoignages recueillis dans cette commune isolée dressent un tableau saisissant. Entre inondations répétées et sécheresses paralysantes, les habitants voient leur quotidien bouleversé, leur sécurité alimentaire menacée et leur isolement renforcé, selon Nicolas Chaumier, habitant de Camopi :
« Quand il y a trop de pluie, nos abatis sont inondés. Les cultures pourrissent, surtout le manioc qui est notre base alimentaire. Et en période de sécheresse, les fleuves sont impraticables. On ne peut plus acheminer les denrées »
En 2024, lors du plan ORSEC sécheresse, l’attention s’est principalement portée sur le fleuve Maroni, délaissant l’Oyapock, rapportent les habitants. Une négligence que dénonce aussi le Secours Catholique.
« Je me souviens d’un week-end de forte montée des eaux où on a perdu toutes nos affaires », témoigne Christelle Monnerville. « Si on nous avertissait avant les inondations, nous aurions pu au moins s’y préparer », s’insurge Rosalie Walacou habitante de Camopi.
Des besoins concrets face à des réponses inadaptées
Face à cette situation, l’association caritative affirme jouer son rôle d’aide aux plus démunis. Sa présidente locale, Marie-Josée Lalsie, interpelle aussi les autorités locales, nationales et internationales sur la nécessité de passer à l’action :
« Le rôle du Secours Catholique, c’est d’être aux côtés des plus pauvres. Mais au-delà de l’aide alimentaire que nous apportons, il faut une réponse politique. On ne peut pas se contenter des grandes déclarations de la COP30 alors que les gens souffrent chaque jour »
Dans les communes de l’intérieur, la précarité s’intensifie, accentuée par le manque d’infrastructures et de politiques publiques adaptées. L’envolée des prix aggrave la situation. « Tous les prix des produits alimentaires, eau, huile augmentent, tout comme l’essence » explique Yaëlle Monpéra, habitante de Camopi.
Un appel à la justice climatique et sociale
En déplacement en Guyane, Didier Duriez, président national du Secours Catholique, a porté un message clair en direction des décideurs internationaux, à quelques mois de la COP30 qui se tiendra en novembre à Belém (Brésil) :
« Ce sont d’abord les plus pauvres qui subissent les effets du climat. À vous, responsables de la COP, gardez cela en tête : vos plans doivent intégrer dès le départ la question de la justice sociale. Sinon, vous laissez des territoires comme la Guyane sur le bord du chemin »
Le Secours Catholique, engagé avec ses partenaires dans plusieurs pays impactés (Brésil, Tunisie, Madagascar), prévoit de participer activement à la COP30 pour porter la voix des plus vulnérables. « Ce qu’il faut, ce n’est pas seulement réagir en temps de crise, mais prévenir, écouter, construire avec les habitants. Comme le dit un chef coutumier de Camopi : on doit faire ça ensemble », ajoute Didier Duriez.
Une exigence de changement et d’anticipation
À travers cette étude, le Secours Catholique espère replacer la Guyane dans les priorités de l’agenda climatique mondial. Pour l’organisation, les territoires dits "ultrapériphériques" doivent cesser d’être les oubliés des politiques publiques. « Il faut agir maintenant. Parce que demain, il sera peut-être trop tard pour les habitants de l’intérieur », conclut Marie-Josée Lalsie.
D’autres voix s’élèvent pour que les aléas climatiques soient mieux anticipés. « On doit s’y préparer, anticiper. Produire plus par nous-même sans toujours attendre des aides », déclare Siméon Monnerville, chef coutumier Téko de Camopi.
« Il est prévu qu’on travaille sur un plan de sauvegarde communale avec l’équipe municipale. Mais tout ceci est nouveau pour nous. On doit être accompagné par l’Etat », rappelle Nicolas Chaumier.
À quelques mois de la COP30, l’appel est lancé par les Secours catholique depuis la Guyane pour que justice climatique rime avec justice sociale.