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Évolution statutaire : cap sur 2026 pour un vote historique en Guyane

Un calendrier enfin annoncé pour consulter la population sur l’avenir institutionnel de la Guyane. Le processus d’autonomie, en suspens depuis plus d’un an, est relancé grâce à un accord signé à Paris entre le gouvernement et une délégation d’élus guyanais. Objectif affiché : une consultation populaire d’ici 2026.

  • Par: adminradio
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Pour la première fois, une échéance claire est évoquée pour soumettre aux Guyanais un projet de réforme statutaire. En 2026, après les élections municipales, la population pourrait être appelée à voter sur un nouveau cadre institutionnel pour la Guyane. C’est l’un des engagements majeurs issus de la réunion du 30 juillet à Paris, où le ministre des Outre-mer Manuel Valls a reçu une délégation guyanaise conduite par le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Gabriel Serville que notre rédaction a contacté à l’issue de la rencontre.

Un relevé de décisions a été signé à l’issue de cette rencontre, marquant une reprise concrète des discussions sur l’autonomie du territoire. Ce projet, lancé en mars 2022, avait été gelé depuis la visite du président de la République en mars 2024.

Relancer une dynamique après des mois d’inertie

« Nous avons enfin renoué le dialogue », a salué Gabriel Serville, estimant que cette réunion marque « un tournant décisif » après plus d’un an d’inaction. L’enjeu désormais : « accélérer », indique le président de la CTG :

« Il faut vraiment ne pas perdre de temps. Nous savons pertinemment que si nous ratons le coche aujourd’hui, la Guyane pourrait attendre encore 15 à 20 ans pour revoir ce dossier sur la table »

Un calendrier « resserré » a été établi, prévoyant une nouvelle étape à la mi-septembre, avec la venue du ministre en Guyane, puis une rencontre attendue avec Emmanuel Macron d’ici la fin août. Cette entrevue est considérée comme essentielle par les élus guyanais pour obtenir un engagement présidentiel fort, à l’image de ce qui s’est fait en Corse.

Un projet guyanais, pour la Guyane

Le projet d’autonomie, affiné lors de congrès en 2023 et 2024, prévoit des transferts de compétences majeurs : aménagement, transport, agriculture, gestion des ressources naturelles, ou encore foncier public, dont plus de 90 % appartient actuellement à l’État. Le partage des responsabilités avec Paris serait maintenu pour les domaines régaliens comme la sécurité et la coopération régionale.

© CTG 

Les élus réclament aussi un « pouvoir normatif transféré », afin d’édicter des lois locales, appelées « lois pays », adaptées aux spécificités guyanaises. Une évolution qui nécessiterait une révision constitutionnelle, à laquelle Emmanuel Macron s’était opposé jusqu’ici.

« Il faut que le président de la République prenne une position claire, comme il l’a fait pour la Corse. Sinon, on ne peut pas avancer sereinement », a martelé Gabriel Serville.

Un processus encadré et exclusif

Les participants à la réunion du 30 juillet se sont entendus pour utiliser un unique document d’orientation comme base de travail. Ce texte, fruit des travaux de la commission spéciale, doit servir à encadrer les cycles de discussion à venir, définir les thèmes prioritaires et structurer les négociations. Il est aussi prévu de soumettre un programme de travail à Emmanuel Macron entre fin août et début septembre.

Dans le document signé à Paris, les parties s’engagent à ne pas transposer les modèles d’autres territoires (comme la Corse ou la Nouvelle-Calédonie), mais à construire un cadre spécifique à la Guyane. Un autre engagement de taille : prendre en compte les conditions nécessaires à une adoption du projet par le Parlement, puis par référendum.

Tensions autour de l’exclusion de la société civile

Mais cette dynamique ne fait pas l’unanimité. Deux figures majeures du paysage politique guyanais, les députés Davy Rimane et Jean-Victor Castor, ont boycotté la réunion du 30 juillet. En cause : l’absence de la société civile à la table des discussions. Le député Castor s’explique sur les réseaux sociaux :

« L’évolution statutaire de la Guyane est une question essentielle qui engage l’avenir du territoire. Elle ne peut être abordée sans la société civile, dont l’implication a été constante depuis 2017 »

Les parlementaires seront invités la semaine prochaine sur Radio Péyi pour détailler leur positionnement. La militante Yvane Goua, de l’association Trop Violans, a d’ailleurs quitté la commission spéciale pour les mêmes raisons. Un rappel que le processus devra, s’il veut aboutir, inclure toutes les sensibilités du territoire, au-delà des élus institutionnels.

Une fenêtre historique, mais fragile

Gabriel Serville reste cependant optimiste, tout en mesurant les aléas politiques nationaux (dissolution, motion de censure, changement de gouvernement à répétition) qui pourraient perturber le processus :

« Il y a une telle instabilité nationale… Mais pour l’instant, je préfère rester résolument optimiste. Nous avons un ministre qui comprend, qui entend, contrairement à ses prédécesseurs. »

Les prochains mois seront cruciaux. Entre déplacement ministérielle en Guyane en septembre, élaboration d’un texte consensuel et consultation populaire, la Guyane pourrait rentrer dans une période charnière. Le référendum local annoncé pour 2026 n’est encore qu’un objectif. Mais pour la première fois, il semblerait à portée de main.