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Edito Carnets de campagne : Le front de l'Est

Le front de l’Est… Camopi, Saint-Georges et Régina voient un flot considérables de candidats affluer sur leurs communes… Mais cache ce (soudain) et vif intérêt, pour ces communes qui composent la plus petite communauté de communes de France avec Ouanary ? A y regarder de plus près, le nombre d'inscrits, et les caractéristiques historiques des votes, font que plus que jamais en 2022, ces communes, notamment Camopi, pourraient bien se révéler décisives. Avec 18 candidats et un scrutin plus incertains que jamais, le vote en bloc de cette commune, pourrait bien départager des rivaux pour l'accès au second tour... Saint-Georges aussi compte peser dans la balance. Explications.

  • Par: samirmathieu
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Camopi, Saint-Georges, Régina et même dans une moindre mesure Trois Palétuviers et Ouanary… Cap sur l’Est pour un certains nombre de candidats sur la 1ere circonscription. Boris Chong-Sit, Yvane Goua, Jean-Victor Castor, Joëlle Prévot-Madère, Jérôme Harbourg, Emmanuel Félissaint, Philippe Bouba, Line Létard, Alix Madeleine, Rudy Stephenson… Certains candidats, notamment ceux qui ont le plus de moyens, se tournent vers l’Est. Dans leur viseur, les rencontres avec les habitants et élus bien évidemment… mais au-delà, un réservoir de voix.

Pour mieux comprendre le reste de ce propos, quelques chiffres :

Camopi : 698

3 Sauts : 388

Régina : 441

Kaw 74

Ouanary 56

Saint-Georges 1 642

Ce sont le nombre de personnes inscrites (chiffres de la préfecture pour la dernière présidentielle en avril) sur ces 4 communes qui forment l'Est guyanais, Trois Sauts et Kaw n'étant pas encore pour l'une, et plus pour l'autre, des communes...

Voici donc un réservoir de voix à aller piocher dans les communes qui constituent la plus petite intercommunalité de Guyane… Camopi a plus de votants que Papaïchton par exemple… la taille ou poids démographique ne sont pas forcément les mêmes que ceux électoraux… des données que certains candidats ont forcément en tête. 

Le cas de Camopi...

Et puis il y a une autre donnée à prendre en compte, notamment pour Camopi. C’est une commune qui vote d’un bloc. Capable de voter pour un unique candidat qui récolte près de 80 % des voix. En 2017, au 1er tour, 72% des voix soit 216 personnes y ont glissé un bulletin Michel Quammi qui était le candidat de LR Les Républicains… le maire de l’époque était Joseph Chanel, chiraquien historique issu du RPR. Au second tour, c’était Joëlle Prévôt-Madère qui avait récupéré ces voix avec plus de 80 % des voix contre Gabriel Serville soit 265 voix. En 2012, Joëlle Prévot-Madère y avait même recueilli plus de 90 % des voix au second tour, là aussi face à Gabriel Serville soit 363 voix.

A Saint-Georges, c’est le même schéma, en plus atténué toutefois. En 2017, au 1er tour, malgré 11 candidats, Gabriel Serville avait récolté plus de 60 % suffrages soit 190 voix. Et c’est là qu’on voix que Camopi, avec 1 000 inscrit permet d’obtenir plus de voix au 1er tour que Saint-Georges avec plus de 1 600 inscrits… au second tour, face à Joëlle Prévôt-Madère, Gabriel Serville avait cumulé plus de 75 % des voix.

Ces communes apparaissent donc comme un jackpot. Comme le numéro bonus au loto qui permet de gonfler les gains.

Et certains ne s’y sont pas trompés… cette élection promet d’être disputé et la moindre voix comptera à la fin. Certains se sont donc lancés dans cette bataille de l’Est à corps perdu.

Pour qui ?

Si Joëlle Prévôt-Madère disposait par le passé d’une relative assise, au second tour, et donc par défaut, à Camopi, cette fois-ci le maire a changé… Joseph Chanel continue de battre pavillon à droite, et appelle à voter Boris Chong-Sit. Mais Joseph Chanel a été emporté aux dernières municipales… et Laurent Yawalou, le nouveau maire, s’il se dit qu’il pourrait être plus proche d’une candidature compatible avec la majorité à la CTG, et donc avec celle de Thibault Lechat-Vega, n’a pas donné et ne devrait pas donner pas de consigne de vote. A Saint-Georges, Joëlle Prévôt-Madère était historiquement faible sur ses deux premières élections. Cette fois-ci, celle qui est présidente d'honneur de la CGPME a mis le paquet pour l'emporter sur la ville-frontière. Joëlle Prévot-Madère a choisi comme suppléant Gleny Abraham, jeune cadre chef du pôle culture à la mairie comme remplaçant. Et s'est adjointe par la même occasion, ou bien fut-ce le prix de son soutien ? les faveurs du maire Georges Elfort, toujours membre du PSG, qui soutenait Gabriel Serville en 2017, Rodolphe Alexandre en 2021 et désormais Joëlle Prévot-Madère. Georges Elfort qui mène une campagne active pour la candidate divers-droite.

En embuscades...

De son côté Boris Chong-Sit compte bien lui aussi capitaliser sur des communes où Rodolphe Alexandre était très fort, y compris en juin dernier. Jérôme Harbourg aussi compte bénéficier des reports de voix qui offrent de gros scores à Marine Le Pen sur Ouanary et dans une moindre mesure à Saint-Georges. Parmi ceux qui comptent aussi faire des scores sur l'Est... Emmanuel Félissaint, qui mène une campagne active notamment sur Saint-Georges, Yvane Goua, qui a reçu des accueils très enthousiastes avec du monde mobilisé sur Camopi et sur Saint-Georges ou encore Thibault Lechat-Vega, qui espère bien rester dans la dynamique de son mentor au moins sur Saint-Georges, ou encore son meilleur ennemi Philippe Bouba, qui lui entend profiter des réseaux et dynamismes, notamment sur Camopi où il s'est rendu récemment lui aussi... Enfin, et il fut l'un de ceux qui a ouvert, dès avril, dès la nouvelle crise des suicides à Trois Sauts, puis avec les inondations, la voie vers l'Est... Jean-Victor Castor fait partie des candidats qui a le plus parlé alerté sur les difficultés que vivent les habitants de ces communes. C'est le premier à être intervenu en avril et a avoir fait rentrer le sujet difficile des suicides des Amérindiens dans la campagne puis il y a quinze jours à avoir alerté à l'échelon territorial sur les inondations que subissent les habitants de Camopi. Le MDES qui a eu de solides appuis sur Saint-Georges, notamment au début de la mandature de Fabienne Mathurin-Brouard avec l'ancienne maire qui faisait partie en 2008 d'une équipe soutenue par le parti. 

Reste à voir si cette élection va confirmer ces traditions historiques ou si la recomposition du paysage politique guyanais va aussi toucher les communes de l’Est et si finalement les voix seront plus dispersées. Pour l’heure, les candidats draguent à fond ces deux communes dans le but de décrocher le pactole.