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L’Etat renforce sa surveillance des frontières

Contrôles anti-délinquance, opérations de lutte contre l'immigration illégale, surveillance des frontières dans la cadre de la crise sanitaire : la protection du territoire de la Guyane est un enjeu majeur pour l'Etat. Cette semaine, une opération secrète a eu lieu sur le Maroni. Elle était conduite par toutes les forces de l'Etat, pour porter un grand coup aux échanges transfrontaliers aujourd'hui proscrits.

  • Par: Radio Péyi avec Outremers360
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Les actions des forces de l’ordre aux frontières de la Guyane ne faiblissent pas, elles s’accélèrent même, à en croire la préfecture. Les frontières maritimes ne sont naturellement pas étanches, mais elles sont sous haute surveillance. Depuis le début de la crise sanitaire, les dispositifs interministériels ont été renforcés. En plus de leur travail habituel de surveillance et de contrôle, ils sont aussi dédiés à la protection des populations dans le cadre du freinage de l’épidémie. 

Des dispositifs multi-services sont opérationnels face aux deux territoires frontaliers : le Brésil et le Suriname. Car outre le côté sanitaire, l’ADN de la « task force » sous la direction du préfet Thierry Queffelec, est bien celui de lutter contre tous les trafics, du mercure aux drogues, en passant par l’immigration irrégulière ou encore les flux logistiques clandestins. Pour le sous-préfet des communes de l’intérieur, Frédéric Bouteille, « c’est une nouvelle démonstration de la détermination de l’État à entraver tout trafic et toute circulation non autorisée. La saisie, pouvant aller jusqu’à la destruction des pirogues utilisées pour assurer les mouvements illégaux, est extrêmement dissuasive pour les passeurs. Ces opérations ponctuelles d’envergure renforcent l’efficacité des patrouilles quotidiennes. » 

4 426 pirogues refoulées depuis le début de l’année

Côté Ouest, le Suriname n’est qu’à une poignée de minutes en pirogue. Facile donc d’imaginer la complexité des trafics qui peuvent avoir lieu avec une frontière si grande et si vaste, avec notamment des courses poursuites en bateau qui ne font pas que des vagues sur le Maroni, comme on a pu le voir avec l’actualité récente. De nombreuses voix s’élèvent pour dresser ce constat, mais outre les patrouilles renforcées et les opérations musclées, c’est à se demander quel serait le meilleur dispositif pour bloquer les mouvements d’un fleuve ? 

Cette semaine, une opération tenue secrète a eu lieu sur le Maroni. Elle a été menée par l’ensemble des forces qui participent à la politique de surveillance : la douane, la police aux frontières et la gendarmerie nationale. Une opération anti-délinquance inter-services qui a mobilisé ce lundi, une cinquantaine de militaires et fonctionnaires, sans mentionner les 4 bateaux et les pirogues officielles mises à l’eau. Un coup de poing rapide, précis et visiblement efficace. Bilan : 4 tonnes de marchandise et une pirogue saisies, 83 verbalisations dans le cadre des mesures de freinage contre la propagation du virus, 148 personnes non admises sur le territoire et 428 autres personnes refoulées. 

Le préfet Thierry Queffelec a rappelé la priorité de l’État, qui n’est pas « celle d’une étanchéité chimérique, mais d’un contrôle permanent, efficace et coordonné, avec une coopération qui monte en puissance au Brésil et qui se renforce au Suriname. » « Ces chiffres illustrent certes l’activité du fleuve, mais aussi l’activité assez exceptionnelle des services de l’État en Guyane. Cependant puisque le sujet demeure fort et constant, la mobilisation se poursuit et surtout se renforce » ajoute, pour nos confrères d’Outremers 360,  la préfecture de Guyane. 

Un Schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile en préparation

Parmi les sujets les plus épinglés autour des frontières, il y a celui qui concerne le flux des personnes qui rentreraient illégalement sur le territoire guyanais. Soit à l’aide de filières extérieures bien organisées, soit à l’aide de passeurs locaux qui s’aventureraient sur ce genre de trafic en échange d’une contrepartie financière. Les services de la Direction Générale de la Cohésion des Populations – DGCOPOP – au sein des services de l’État en Guyane, font état d’une « augmentation constante des places d'hébergement d'urgence depuis 2020. » D’après leurs chiffres, 220 places étaient ouvertes au 1er janvier 2020 (en logement de droit commun dans des appartements entièrement meublés). Ajoutons à cela un centre d'hébergement collectif de 40 places pour hommes seuls, pour un total à la fin de l’année 2020 de 260 places. 

Depuis le début de l’année 2021, la DGCOPOP expose les évolutions d’accueil avec des chiffres « au vert » : 24 places de plus au centre d’hébergement pour hommes seuls, 60 places supplémentaires pour des familles, et une perspective de 340 places d’ici le mois de décembre 2021 chez les bailleurs sociaux, contre 280 aujourd’hui. 

Selon ces chiffres, les hébergements d’urgence seraient donc en augmentation : 464 places prévues pour décembre 2021, contre 260 en 2020. Sans compter les 340 places dans le système hôtelier. 740 personnes sont aujourd’hui hébergées par les services de l’État sous la responsabilité du Préfet, avec une augmentation de 24 places prévue d’ici la fin de l’année. 

Un schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile et d'intégration des réfugiés est en cours d'élaboration. Il doit voir le jour en 2022 pour permettre une adaptation de la politique d’accueil au contexte migratoire et aux spécificités du territoire. « Ce schéma repose sur deux piliers : mieux héberger et mieux accompagner, explique Didier Duport, directeur général de la Cohésion des Populations, ce travail vise à donner une gestion territorialisée aux dossiers, à encadrer l'augmentation des places d'hébergement et à en assurer la fluidité en hébergeant mieux et en assurant un accompagnement social global pour une meilleure intégration. »