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La route d’Apatou devient enfin une route départementale

Une longue histoire de responsabilité pour une route qui jusqu’ici “n'appartenait à personne” et dont les nombreux problèmes de viabilisation étaient renvoyés en ping-pong entre l’Etat et la CTG.

  • Par: adminradio
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Elle fait parler d’elle depuis longtemps. Depuis son ouverture en 2010, la route qui relie St Laurent à Apatou était classée comme piste forestière. Lors de la dernière assemblée plénière, elle a enfin obtenu le statut de route départementale. Elle passe donc du domaine privé de l'Etat au domaine public de l'administration territoriale. Pour l'instant, aucun numéro ne lui a été attribué, mais "ce sera fait", assure le conseiller territorial chargé des infrastructures routières, Zadkiel Saint Orice. 

Un statut clair pour les assureurs et les assurés

Le statut, jusque-là très flou, de la route d'Apatou entraînait de nombreux désagréments pour les usagers, notamment en cas d'accident, rappelle-t-il : 

“Cette route-là n'étant pas officielle, vous aviez un accident, vous avez cassé votre véhicule, vous aviez un accident avec un tiers, vous appelez votre assurance, votre assureur vous répondait tout simplement qu'il ne pouvait pas intervenir, qu'il ne pouvait pas venir vous chercher parce que la route n'était pas reconnue. On a même eu des témoignages de personnes nous disant que les assureurs conseillent même de déclarer que l'accident avait lieu sur la route de Saint -Jean au niveau de la RD11. Donc c'est, mine de rien, quelque chose de significatif pour les usagers de la route d'Apatou, ce qui donne vraiment un caractère officiel à cette route qui est en réflexion.”

Le “ping-pong” des compétences concerne une autre route de Guyane

Si le sort de la route d’Apatou semble se clarifier, un autre axe possède aussi un statut incertain. Mais le problème est tout autre, explique l’élu: 

“Il y a  aussi la route de Petit-Saut qui, pareil, est sur le domaine de l'État et gérée par l'ONF et il y a “un flou juridique” dessus. L’Etat s’en est débarrassé. Les collectivités locales ne veulent pas la récupérer, en tout cas, pas dans son état actuel, sans que l'État ait pu faire des travaux significatifs dessus. Cette voie, là, à la base, n'est à aucune collectivité locale, dans le domaine privé de l'État, qui veut effectivement la rétrocéder à différentes collectivités. Et à juste titre, les collectivités locales ne veulent pas la récupérer dans l’état de dégradations absolues dans laquelle elle se trouve.”

Récupérer la compétence des routes pour être autonome dans leur entretien

Ce renvoi des compétences entre Etat et collectivités est au cœur des enjeux stratégiques du désenclavement routier de la Guyane. Pensée il y a plus d’une vingtaine d’années, la route d’Apatou est construite sur fonds propre de la région Guyane et ouverte à la circulation en 2010. 

Il aura donc fallu 14 ans pour donner un statut clair à cette route empruntée par de nombreux usagers. Ceux-ci avaient d’ailleurs bloqué la route en 2022, en protestation quant à son état. De véritables cratères empêchaient les automobilistes et les poids lourds de l’emprunter, et les transporteurs scolaires menaçaient de cesser le ramassage des élèves. Le président de la CTG, Gabriel Serville, promet le 26 mai 2022 de soumettre la récupération de la compétence de cette route à l’assemblée plénière pour pouvoir y réaliser des travaux de renforcement à hauteur de 6 à 9 km par an.

Force est de constater que cette stratégie s’avère efficace dans l’achèvement d’un désenclavement durable du territoire Guyanais. Sur Radio Péyi, le député de la première circonscription de Guyane rappelait que la piste reliant Maripasoula à Papaïchton avait été pensée et réalisée en 1995 par les élus guyanais Elie Castor, alors président du conseil Général, et Antoine Abienso, maire de Maripasoula. Les travaux lancés par l’Etat en 2019 pour bitumer cet axe se sont avérés être un échec, la saison des pluies ayant eu raison du semi-bitumage demandé par le cahier des charges.

L’histoire se répète donc, avec un nouvel axe routier dont la compétence revient officiellement à la Collectivité Territoriale. Les travaux n’ont pas attendu le vote de la plénière pour commencer. Dès juin 2022, Zadkiel Saint-Orice en faisait part sur les réseaux sociaux, montrant les engins de chantier à pied d'œuvre, image à l’appui.