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Recensement : des chiffres officiels de l’INSEE jugés déconnectés du terrain selon les élus guyanais

Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre François Bayrou, les élus de Guyane – parlementaires, CTG et maires – remettent à nouveau en cause les méthodes de recensement de l’INSEE sur leur territoire. Ils dénoncent des chiffres jugés irréalistes, aux conséquences graves pour les communes. À l’approche d’un déplacement ministériel et des élections municipales, les élus espèrent enfin se faire entendre.

  • Par: adminradio
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Au 1er janvier 2025, l’INSEE estime la population de la Guyane à 292 400 habitants, avec une croissance démographique en ralentissement. Pourtant, les élus guyanais ne reconnaissent pas cette tendance sur le terrain. Pour eux, la dynamique réelle est bien plus forte, et les outils de mesure actuels sont tout simplement inadaptés à la réalité locale. « Nous avons décidé de changer de stratégie », affirme Michel-Ange Jérémie, président de l’Association des maires de Guyane (AMG). « La réalité sur le terrain ne reflète pas les chiffres de l’INSEE. »

Des incohérences flagrantes

Des pertes de population qui ne s'expliquent pas, des infrastructures scolaires qui se multiplient : les exemples d’anomalies sont nombreux. À Macouria, la population aurait diminué de 250 habitants, alors que la ville ouvre une école de 16 classes tous les deux ans. À Maripasoula, l’INSEE estime une baisse de 2 000 habitants, une chute totalement déconnectée de la réalité selon les élus. Tout laisse penser qu’il y a une grande marge d’erreur selon le président de l'AMG : 

« Les squads prolifèrent, la misère augmente, on construit des écoles, et pourtant l’INSEE nous parle de solde migratoire déficitaire »

Une absence de dialogue et des conséquences lourdes

Le président de l’AMG dénonce l’absence de dialogue contradictoire avec l’INSEE. Selon lui, aucun mécanisme de recours ne permet aux maires de contester les chiffres publiés. Une situation qui, au-delà de l’atteinte à la représentativité des territoires, a des conséquences financières importantes : 

« C’est une perte peut-être de 100 000 habitants. Et derrière, ce sont des pertes en dotations, en nombre de conseillers municipaux, en équipements publics »

Vers une alternative locale ?

Face à cette impasse, les élus réfléchissent à des solutions concrètes. Parmi elles, la création d’un "INSEE local", voire le recours à un organisme privé pour affiner les données avec des indicateurs comme la consommation d’eau, d’électricité ou le développement des télécommunications.

« Une ville comme Saint-Laurent compte 32 écoles. Si on compare à l’Hexagone, cela correspond à une ville de 80 000 habitants. Et pourtant, on nous dit qu’elle n’en compte que 50 000 ». 

Le député Jean-Victor Castor a été mandaté pour poser une question au gouvernement à l’Assemblée nationale et obtenir une réunion avec le directeur général de l’INSEE. Tous les signataires de la lettre ouverte souhaitent participer à cet échange. « Il est temps de faire front commun », conclut Michel-Ange Jérémie, dans l’attente d’une rencontre avec le ministre des Outre-mer Manuel Valls lors de sa prochaine visite en Guyane.