themes/default/item_post.html.twig

Orpaillage illégal en Guyane : Le phénomène est « contenu », selon le général Jean-Marc Descoux

La Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, présidée par Lénaïck Adam (LREM, Guyane) avec pour rapporteur Gabriel Serville (Gauche démocrate et républicaine, Guyane), s’est réunie le 10 mars pour auditionner le général de division Jean-Marc Descoux, commandant la gendarmerie Outre-mer. Selon ce dernier, malgré l’attractivité croissante de la forêt guyanaise, à cause de la montée du cours de l’or, le phénomène de l’orpaillage illégal est « contenu ».

  • Par: Radio Péyi avec Outremers360
  • Date:

Dans son introduction, le général a rappelé la nature du dispositif de lutte contre l’orpaillage illégal de la gendarmerie de Guyane, qui s’intègre plus largement dans l’Opération Harpie. On y trouve des unités territoriales classiques implantées dans la forêt amazonienne, la gendarmerie mobile, des unités spécialisées (force aérienne avec deux hélicoptères, antenne du groupe d’intervention d’élite GIGN), et la police judiciaire. Au niveau des moyens mis en œuvre, il y a six escadrons de gendarmerie mobile en Guyane. 

« C’est un combat incessant que nous menons sur trois axes », a déclaré le général Jean-Marc Descoux. « Le premier c’est entraver la liberté d’action des réseaux, rendre extrêmement compliqué l’acheminement des moyens nécessaires à l’orpaillage à l’intérieur de la forêt ; le deuxième c’est la destruction régulière des sites illégaux avec notamment des opérations aéroportées (…) ; et puis on judiciarise toutes les actions. On traduit devant la justice un certain nombre de malfaiteurs, qui sont soit des orpailleurs soit des bandes qui tournent autour d’eux pour créer de la délinquance dans ce milieu particulier ». 

Dans les questions posées au général après son introduction, le député de Guyane Gabriel Serville, rapporteur de la Commission d’enquête, s’est inquiété qu’en dépit des efforts déployés, « le phénomène perdure et la situation ne s’améliore pas », selon lui. « De 2012 à 2017, on est passé de 450 chantiers à 350 » a répondu le général Descoux. « Entre avril 2017 et février 2018, ces chantiers illégaux ont effectivement augmenté, passant de 350 à 550 », a-t-il reconnu, expliquant cela par des nécessité de redéploiement de gendarmerie mobile à cause des mouvements de contestation sociale en Guyane et du passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin. Cependant, à partir du rétablissement du dispositif, la situation s’est « stabilisée ». Entre juillet 2018 et aujourd’hui, il y aurait entre 350 et 400 chantiers clandestins en activité, a précisé Jean-Marc Descoux.

« Notre dispositif ne permet pas d’éradiquer l’orpaillage illégal, mais il permet de le contenir. Nous n’observons pas une augmentation exponentielle. Selon nos études internes, on estime qu’il y a actuellement 8500 garimpeiros environ dans la forêt. En 2017 il y en avait un peu plus de 10 000. Cela veut dire que la mobilisation de l’appareil a permis de faire diminuer la présence des garimpeiros », a expliqué le général. Concernant ces derniers, 95% sont des ressortissants brésiliens, a-t-il ajouté.

Selon lui, le dispositif est bien rôdé avec un état-major dédié et une bonne coordination avec les Forces armées en Guyane et la Police de l’air et des frontières. Le général Descoux a admis cependant que les moyens aériens pourraient être rénovés, certains hélicoptères s’étant parfois avérés vétustes. Il a également annoncé un renforcement des forces du GIGN avec des éléments venus de l’Hexagone pour lutter contre les bandes armées, et l’envoi de personnels de police judiciaire. Sur ce dernier aspect, l’idée est d’attaquer la problématique de l’orpaillage illégal non plus sur la base du code minier, mais sur d’autres incriminations qui doivent permettre d’être plus efficace dans la réponse judiciaire.

La prochaine audition de la Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane sera celle de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, mercredi 17 mars 2021 à 15h.