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Le budget de la ville de Cayenne, en hausse, adopté à l'unanimité. La maire demande au préfet de "gérer les migrants"

Le conseil municipal de la ville de Cayenne s'est réuni ce vendredi matin, avec à l'ordre du jour, de nombreux sujets, dont le vote du budget primitif 2022 et l'adoption des comptes administratifs, la modification du plan pluri-annuel d'investissements et pour conclure, le second courrier d'alerte de la maire Sandra Trochimara. La maire de Cayenne interpelle une nouvelle fois directement le préfet de Guyane, Thierry Queffelec, afin qu'il s'occupe du problème des migrants : "Je ne peux plus tolérer, je ne peux plus accepter (..) car je suis responsable de la sécurité publique et salubrité mais je ne suis nullement responsable de l'accueil des migrants sur ce territoire. Cette inhumanité ne peut plus durer. Il vous revient de réaliser votre devoir pour mettre à disposition des logements d'accueil pour ces migrants (...)"

  • Par: samirmathieu
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Un budget en hausse et voté à l'unanimité. Le conseil municipal de ce vendredi s'est déroulé dans de bonnes conditions au premier étage de l'hôtel de ville de Cayenne. Le second budget porté par la maire Sandra Trochimara est en forte hausse, avec une section investissements qui s'élève à 36,8 millions d'euros contre un peu moins de 20 millions en 2021. A noter toutefois, que cette section investissements bénéficie d'un reste à réaliser de près de 10 millions d'euros non utilisés en 2021. 2021 qui a été marqué on le sait par la crise sanitaire... Tous les voyants sont donc au vert pour 2022. Le déficit budgétaire continue de baisser avec un effort majeur qui a été réalisé lors du second mandat de Marie-Laure Phinéra-Horth et également lors de son 3e mandat sur l'année 2020, ce qui permet à la commune d'envisager plus sereinement l'avenir sur le plan budgétaire. L'Etat accompagne d'ailleurs depuis l'an dernier la commune avec le Corom, qui apporte de précieux fonds mais encadre également le fonctionnement.

Le budget de la commune est encore largement consacré au fonctionnement de la municipalité. Les charges de personnels représentent 54 millions d'euros, en hausse de 3,2 millions par rapport à l'an passé, alors que les dépenses totales dépassent juste les 80 millions. Les charges de personnels et frais assimilés frôlent ainsi les 70 % du total des dépenses de la commune, le reste étant consacrés aux charges à caractère général, en baisse de 26%, conformément aux recommandations de la CRC (Chambre régionale des comptes) et du Corom. La dette aussi est intégrée dans les dépenses, avec l'intégration de l'emprunt contracté l'an dernier auprès de l'AFD (Agence française de développement) à hauteur de 5 millions d'euros. Un emprunt rendu possible grâce aux efforts financiers réalisés ces dernières années et qui permettent à la municipalité d'accéler le PPI (Plan pluri-annuel d'investissements).

Ce plan, qui a été modifé ce vendredi, intègre plusieurs chantiers qui sont programmés jusqu'en 2025, parmi lesquels l'aménagement de la place des Palmistes, la réhabilitation du bâtiment du CCAS, le réaménagement de la zone des services techniques, l'enfouissement de réseaux et des rénovations de l'éclairage public, l'aménagement de pistes cyclables,la réhabilitation de l'école Alexandrine Stanislas, la réhabilitation de l'école de Mont-Lucas, l'extension du groupe scolaire Etienne Ribal, la rénovation du parking du stade Georges Chaumet...

A noter, les taux des taxes locales restent stables en 2022 après une très forte hausse en 2021. Le taux de la taxe foncière bâti qui était passé de 34,32% l'an dernier à 67,24% reste à ce niveau cette année. Pour le non bâti il est à 71,70. Le tout pour environ 29 millions d'euros de recettes fiscales liées au foncier. 

Le budget primitif et l'ensemble des délibérations ont été adoptés à l'unanimité des élus présents. A noter l'absence des leaders de l'opposition Michaël Mancée et Magali Robo. La sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth était pour sa part retenue sur une réunion en préfecture. Le seul élu qui est monté au créneau à quelques reprises, c'est Roland Loe-Mie, ancien adjoint aux finances et candidat malheureux lors de l'élection du maire après l'élection de Marie-Laure Phinéra-Horth face à Sandra Trochimara. Roland Loe-Mie a fait quelques observations, étant à deux reprises rappelé à l'ordre par la 1ere magistrate. Mais les débats de ces plus de trois heures consacrées à ce budget sont restés calmes. Parmi les quelques petites phrases de ce conseil, une des sorties est signée Sandra Trochimara en personne, qui après l'adoption d'une délibération portant sur le règlement par la mairie de factures non payées à Atlas Voyage, et remontant à 2014-2015 a déclaré : "je n'en dirai pas plus sur ces anciennes factures".

La maire de Cayenne qui a conclu ce conseil par une interpellation du préfet concernant les migrants, la seconde depuis le 22 décembre dernier date à laquelle elle avait déjà rédigé un premier communiqué d'alerte. "Je ne peux plus tolérer, je ne peux plus accepter" a déclaré Sandra Trochimara, qui demande au préfet de "jouer son rôle et celui de l'Etat" dénonçant une situation "inhumaine" et que les "Cayennais ne peuvent plus accepter". Sandra Trochimara.

Revoir le plateau réalisé en direct sur Radio Péyi avec la maire Sandra Trochimara qui répondait aux questions de Samir Mathieu :

 

 

Le communiqué de la maire de Cayenne :

---COMMUNIQUE D’ALERTE N°2---

« CAYENNE VILLE CAPITALE DOIT-ELLE SUPPORTER 

ENCORE LONGTEMPS LES STIGMATES DE LA DESHUMANISATION ? »

Comment entendre voire répondre à la question posée par dit-on le « 1er magistrat de la ville » dans son communiqué d’alerte n°1 ?

En effet, le 22 décembre 2021, un premier communiqué d’alerte intitulé « Cayenne ville capitale doit-elle fermer ses frontières ? » était publié, communiqué resté à ce jour sans véritable réponse. 

Le 1er avril 2022, j’ai en toute responsabilité alerté de nouveau Monsieur le Préfet de la Guyane (sans réponse à ce jour) sur les drames humains et sanitaires qui ne cessent de s’amplifier sur certains trottoirs de la Ville de Cayenne et plus particulièrement sur le trottoir de la rue François ARAGO (d’ailleurs fils d’un juge qui était aussi maire de la commune d’Estagel) illustre homme politique car il fût Conseiller Général de la Seine et Député des Pyrénées Orientales.

Ce détour historique est important car il peut ouvrir aussi à d’autres décryptages pour amplifier le sens de certains évènements !

Pourquoi la portion du trottoir de la rue François ARAGO devient un nouveau territoire de vie inhumaine, trottoir où par ailleurs est installé l’illustre bâtiment scolaire privé, monument historique classé appelé l’Externat Saint Joseph de Cluny ?

Avoir un espace de vie aujourd’hui sur ce trottoir répond à des enjeux multiples notamment la proximité d’une administration importante de l’État, située sur le trottoir voisin, à savoir l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration.

En ma qualité de Maire de la ville « dite capitale », après de nombreuses rencontres, de nombreuses réunions, de nombreux échanges avec le représentant de l’Etat en Guyane, je ne peux plus tolérer, je ne peux plus accepter, je ne peux plus laisser les trottoirs de la ville de Cayenne se transformer en vaste camp de réfugiés « à ciel ouvert » !

Aujourd’hui, je suis légitimement interpellée par la communauté éducative de l’Externat Saint Joseph de Cluny car je suis responsable de l’ordre public, je suis responsable de la sécurité publique, je suis responsable de la salubrité publique pour les citoyennes et les citoyens de Cayenne mais je ne suis nullement responsable de la prise en charge des migrants sur notre territoire.

Notre Guyane a toujours été une terre d’accueil et d’hospitalité, une terre en capacité d’offrir une place à ceux et à celles qui n’ont plus de place là où ils ont planté « leur nombril » comme le dit notre adage, mais pas à n’importe quel prix !

Cette inhumanité ne peut plus durer car nous ne faisons pas semblant de ne pas voir les drames qui se jouent sur la scène politique mondiale mais il vous revient le devoir et la responsabilité Monsieur le Préfet de trouver de toute urgence une solution pour l’hébergement de ceux et celles qui répondent à ce droit d’asile et surtout d’agir en votre âme et conscience pour ceux et celles qui n’ont pas ce droit.

Cayenne a fait sa part d’humanitude en renouvelant en 2022 la mise à disposition gracieuse d’un foncier au sein de la zone Galmot pour maintenir le dispositif d’accueil d’urgence mis en œuvre par la Croix Rouge, Cayenne attend donc des réponses à la hauteur de la situation dramatique actuelle qui se déroule et s’amplifie chaque jour pour des hommes, des femmes et des enfants au cœur d’une ville qui ne doit pas perdre son âme.