Evolution statutaire, vie chère, désenclavement : les élus Guyanais réclament des engagements clairs au ministre des Outre-mer

Hier, dans l’hémicycle de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), une réunion décisive a rassemblé maires, parlementaires, membres du Grand Conseil coutumier, élus territoriaux, ainsi que des représentants de la société civile, dont l’association Trop Violans. Objectif : « définir une position unifiée face à un agenda ministériel jugé incomplet ».
Présidée par Annie Robinson-Chocho, 2ᵉ vice-présidente de la CTG, cette rencontre a fait émerger un consensus clair : l’absence de séquences consacrées à l’autonomie, à la vie chère ou encore au désenclavement dans le programme du ministre est jugée « inacceptable » :
« On a bloqué hier pour obtenir cette réunion d’aujourd’hui », explique Yvane Goua, porte-parole de Trop Violans. « Il est hors de question qu’on ne tienne pas compte des doléances de la Guyane. Désenclavement, vie chère, autonomie : voilà ce que c’est. »
Désenclavement et aménagement : un cri d’alerte
La situation de certaines communes isolées illustre de manière flagrante les retards d’infrastructure. Yvane Goua souligne en exemple l’absence de route vers le nouveau lycée à Maripasoula, rendant la scolarisation inaccessible autrement qu’en pirogue :
« À quel moment on considère que les enfants sont obligés d'aller à l’école en pirogue uniquement ? Sans compter les difficultés d’accès par le fleuve lors des sécheresses et les accidents mortels en pirogue »
La question du désenclavement, posée depuis des années par des collectifs d’habitants des communes de l’intérieur, est ainsi remise au cœur du débat avec l’espoir d’obtenir un engagement fort et immédiat.
Une relance du processus d’évolution statutaire vers l’autonomie ?
Les Maires de Guyane interpellent le Ministre des Outre-mer sur le sujet de l’évolution institutionnelle dans un communiqué. L’association des maires appelle à inscrire clairement la question de l’évolution statutaire du territoire à l’ordre du jour. Ils rappellent que ce sujet est au cœur des attentes des élus, des forces vives et des citoyens :
“Les maires de Guyane demandent que cette visite ministérielle soit porteuse d’engagements concrets, d’une méthode partagée et de moyens adaptés à la réalité guyanais.
De son côté, le Mouvement de Décolonisation et d’Émancipation Sociale (MDES) appelle à un véritable changement de paradigme. En conférence de presse, son secrétaire général, Fabien Canavy, a posé les jalons d’une revendication claire : l’ouverture d’un Congrès des élus et de la société civile pour discuter concrètement de l’autonomie :
« Nous attendons que le ministre réunisse les élus et la société civile, qu’un calendrier soit fixé, une méthode établie et des échéances annoncées pour avancer vers l’autonomie », affirme-t-il.
Appel entendu, dans le programme prévisionnel du ministre, nn congrès des élus est prévu ce lundi 16 juin à 18h à l'Hotel de la Collectivité territoriale de Guyane
© A.BeharyLS - Radio Péyi
Il met en garde le ministre en s’opposant à une visite symbolique sans effet réel, citant la venue récente de Gérald Darmanin, vécue comme un affront :
« Il n’est pas question que la visite du ministre se déroule comme celle de Darmanin, où la population a été ignorée et un journaliste local insulté. »
Vie chère : des revendications prêtes à être discutées en tenant compte des spécificités guyanaises
L’autre grand axe des discussions à venir concerne le coût de la vie, sujet de préoccupation majeur pour la population. Trop Violans, tout comme le collectif « Stop Vie Chère Guyane » animé en partie par le MDES, indique être prêt à proposer un cadre de revendications précis.
« La vie chère est une question complexe, mais nous avons montré qu’il est possible d’y répondre avec méthode, organisation et dialogue », souligne Fabien Canavy, du MDES, membre également du collectif « Stop Vie Chère »
Une demande officielle a été transmise au ministère rue Oudinot pour obtenir des rencontres avec les délégations locales autour de ces sujets. Une réponse est espérée ce vendredi, avant une décision collective.
« Si ces sujets ne sont pas abordés, ce sera considéré comme un manque de respect », avertit Yvane Goua. « L’heure est venue de sortir des discours pour passer aux actes, dans le respect du peuple guyanais et de ses aspirations profondes », conclut Xavier Nelson, membre du MDES.
Interpellé par le député Davy Rimane, lors des questions au gouvernement, Manuel Valls a annoncé vouloir “parler d’évolution statutaire sans tabou”. Le ministre des Outre-mer est désormais attendu au tournant. Son arrivée est prévue ce samedi 14 juin. Il devrait rencontrer des élus dès son arrivée puis prendra la direction de l’ouest dimanche.