Affaire Karina : Après ses aveux, Sylvain Kereneur mis examen et placé en détention provisoire

Karina perd la vie étouffée selon l’enquête
Le 15 mai 2020, le corps sans vie de Karina Anunes Gama De Souza, sur les berges de la crique Tibourou avec une partie des ses habits brûlés sans que le corps n'ait été calciné. Les premiers éléments de l’enquête faisaient état également d’une forte odeur d’essence à proximité du corps de la victime. Un document a été retrouvé au nom de Karina De Souza sur le lieu du crime, laissant penser à un rendez-vous médical. Ce document a déterminé que la victime était enceinte de 6 à 8 semaines. « Il n’était pas possible d’identifier le père puisque le fœtus n’a pas permis de retrouver l’ADN du père », précise Samuel Finielz, le procureur de la République. Les examens médicaux légaux ont permis de déterminer toutefois que la mort de Karina remontait entre 12 et 48h avant sa découverte. « La seule hypothèse concernant les circonstances de la mort serait par suffocation mécanique c’est-à-dire par asphyxie », indique le procureur.
Les analyses des prélèvements sur les vêtements de la victime révèlent la présence de l’ADN de Sylvain Kereneur sur l’ensemble des vêtements de la victime. « L’ADN de Sylvain Kereneur est retrouvé sur son t-shirt, short et culotte. Des traces de spermatozoïde de Sylvain Kereneur seront retrouvées dans la culotte de la victime », précise le parquet de Cayenne. Les enquêteurs se sont aussi intéressés à la vie commune du couple précédant la mort de Karina. Les témoignages recueillis décrivent une vie commune « tumultueuse » avec des violences de la part de Sylvain Kereneur. Néanmoins aucune plainte, ni main courante n’ont été déposées pour des faits de violences conjugales ou autres.
L’unique suspect interpellé et placé en garde à vue passe aux aveux
Sylvain Kereneur a été interpellé le 31 mai 2021 à Antibe à son domicile par les enquêteurs de la section de recherche de Cayenne. L’homme passe très rapidement aux aveux durant sa garde à vue :
« Nous nous sommes disputés dans la nuit du 14 mai à notre domicile à Cayenne. Karina s’est alors saisie d’un couteau. Je l’ai désarmé et je lui ai mis la main à la bouche pour l’empêcher de crier. Elle est tombée et j’ai constaté qu’elle ne respirait plus. J’ai ensuite mis son corps dans un sac et je l’ai transporté à la crique Tibourou. J’ai voulu mettre le feu au corps mais je me suis ravisé et j’ai voulu éteindre le feu. Je n’ai pas voulu la tuer volontairement », admet Sylvain Kereneur aux enquêteurs.
Une longue enquête qui aura duré plus d’un an en raison « des contraintes sanitaires et aux nombreux actes médicaux légaux appliqués sur la victime », explique le commandant de la Gendarmerie , Stéphane Bras en conférence de presse avec le procureur Samuel Finielz.
Rapatrié à Cayenne, le mis en cause est mis en examen et placé en détention provisoire.
Sylvain Kereneur a été transféré par avion ce vendredi 4 juin à Cayenne et présenté au juge d’instruction qui le met en examen. Au côté de son avocat, Boris Chong-Sit, il est ensuite présenté devant le juge des libertés et détentions qui a confirmé son placement en détention provisoire.
L’affaire « Karina » fait écho à l’affaire « Camilla »
Sylvain Kereneur, avait été convoqué devant les juges lors d’un procès pour le meurtre d’une précédente compagne Camilla, découverte morte brûlée en 2006. L'affaire a été jugée et l'auteur présumé a bénéficié d'un non-lieu auprès de la cour d'appel fin 2015. Aujourd’hui, le même homme doit répondre pour des faits similaires. « Ce dossier Camilla est réexaminé à mon parquet. On prendra très rapidement une décision quant à sa réouverture ou non », a annoncé le parquet de Cayenne. Cet ancien dossier judiciaire, qui n’est pas prescrit, pourrait rapporter des éléments supplémentaires à charge contre le mis en cause dans cette affaire de féminicide.