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Yannick Lebrun de retour en Guyane en attendant que la crise passe à New York

Le danseur de la mythique compagnie Alvin Ailey poursuit son confinement chez sa famille en quatorzaine en Guyane.

  • Par: abehary
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Avec plus de 170 000 personnes atteintes du Covid-19, New York est devenue l'épicentre mondial de la pandémie. Le gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, n’envisage pas de déconfiner la ville avant encore plusieurs semaines. À New York, les commerces non essentiels sont fermés depuis le 22 mars, la ville accuse une perte de 475 000 emplois et près de 10 milliards de dollars de revenus. L'activité culturelle sera comme dans de nombreuses villes encore longtemps à l'arrêt.

C'est dans ce contexte que le danseur Guyanais de 33 ans a décidé de rentrer au pays en attendant que la crise sanitaire s’atténue à New York. Yannick Lebrun est depuis le 27 avril de retour en Guyane. Après l'arrêt total de son activité et le manque de perspective, il a décidé de rentrer profiter du « calme et de la pluie Guyanaise plutôt que des incessantes sirènes d'ambulances New-yorkaises », nous dit-il.

Pourquoi avoir choisi de rentrer en Guyane pour poursuivre votre confinement ?

« Pour des raisons familiales, personnelles et professionnelles. Rien ne va plus aux États-Unis, c'est la confusion totale. Après un mois et demi de confinement à New-York où tout est à l'arrêt et notamment le secteur de la culture. Nous n'avons pas de réponses concrètes d'une part de ma compagnie de danse et d'autre part de l’État de New-York. Les activités artistiques seront certainement les dernières à rouvrir. Je suis donc dans l'incertitude pour longtemps».

Comment s'est déroulé votre rapatriement ?

« J'ai appelé le consulat de France aux Etats-Unis qui régulièrement sur les réseaux sociaux informe les Français. J'ai su qu'il avait des vols restreints et que les expatriés ont le droits de rentrer en France. J'ai eu donc l'autorisation de faire le vol New-York-Paris en remplissant une attestation. De même, pour le Paris-Cayenne. Ça s'est passé dans l'ensemble dans de très bonnes conditions. »

Vous êtes donc en quatorzaine ?

« Oui, la quatorzaine stricte et obligatoire. Tous les passagers ont eu droit à des mesures sanitaires à l'arrivée. Nous sommes tous passés par la visite médicale avec plusieurs fiches à remplir. Lorsque je suis arrivé, j'ai pu me faire testé. J'ai reçu mes résultats négatifs dès le lendemain mais je dois quand même respecter la quatorzaine. La gendarmerie est même passée chez moi pour voir si je suis bien là. »

En tant que danseur professionnel aux États-Unis, est-ce que vous avez droit à des aides financières ?

« Aux États-Unis, c'est compliqué, il y a du retard pour les aides. Le domaine de la culture n'a pas été pris en compte tout de suite. En France, c'est pareil comme je suis en contrat avec la compagnie américaine Alvin Ailey. Ça pourrait être autrement durant mon séjour en Guyane, si certaines compagnies locales, salles ou théâtres me donnent la possibilité d'avoir accès aux lieux, sans évidemment organiser de spectacle, mais pour pouvoir être dans un processus de création avec d'autres artistes locaux en suivant bien sûr les mesures sanitaires ».

Quels sont donc vos projets pour la danse en Guyane ?

« J'ai plusieurs idées. Des projets chorégraphiques personnels et pourquoi pas collaborer avec des artistes du pays dans la danse, le chant, le théâtre chorégraphié. Je souhaite vraiment être dans une perspective d'échange et surtout de retour aux sources. Même si cette pandémie a eu impact important pour moi car tout s'est arrêté à New-York, c'est aussi un moyen de me retrouver et d'aller à la rencontre des personnes du milieu artistique ici. Avec l'EPCC Les 3 Fleuves (Établissement public de coopération culturelle), j'espère proposer des prestations filmées et retransmises via les réseaux sociaux par exemple ».

Malgré la menace de la crise économique, même si certains États des États-Unis ont fait le pari risqué de la réouverture, à New York, Andrew Cuomo, le gouverneur se veut prudent : « Ce n’est pas de la spéculation. C’est regarder d’autres pays, et regarder ce qui s’est passé dans le monde », rappelle-t-il lors de sa dernière intervention médiatique. Cela laisse le temps à Yannick Lebrun de réaliser ses objectifs en Guyane.