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IVG : accès et freins en Guyane

Les députés et les sénateurs réunis en Congrès hier au Château de Versailles ont validé l’inscription de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) dans la Constitution. Une révision constitutionnelle qui a été adoptée par la majorité des 3/5e des suffrages exprimés par les parlementaires. On fait le point sur la situation en Guyane.

  • Par: adminradio
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Le combat pour la sécurisation de "la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une IVG" aura été long pour arriver à ce moment important de l’histoire de la 5ème République. Depuis le manifeste des 343 en 1973, où 343 femmes célèbres déclaraient publiquement avoir avorté, à la loi Veil en 1975 qui va dépénaliser l’avortement, le droit des femmes à disposer de leur corps en matière de reproduction aura mis 50 ans à entrer dans la Constitution. 

Qu’en est-il en Guyane ?

En Guyane, selon les spécialistes gynécologiques, l'accès à l'avortement est correct avec des structures hospitalières dédiées à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent. Des médecins et des sages-femmes libéraux assurent également les interruptions volontaires de grossesses. Par ailleurs, le réseau Périnat Guyane dispose d'un annuaire pour orienter les femmes vers des spécialistes. Sur l’année 2022, ce sont 3 717 avortements qui ont été pratiqués.

Pour Nadia Thomas, gynécologue pour les centres délocalisés de préventions et de soins dans les communes isolées, l'inscription de l'IVG dans la Constitution pourrait démocratiser cet acte chez les femmes guyanaises qui désirent avoir recours à l'avortement : 

“L’avortement est un acte médical, rien d’autre. Cette inscription va nous aider à banaliser un peu plus cet acte. Une femme sur trois aura recours à l’IVG au cours de sa vie, et ça reste très chargé émotionnellement.”

Si cet acte est possible, il demeure cependant tabou, particulièrement dans des communes où le principe de confidentialité est difficilement applicable du fait de leurs petites tailles. Autre facteur non négligeable, la religion chrétienne, très présente en Guyane, qui pèse sur la perception morale de l’IVG, raconte Nadia Thomas :

“Il y a quelques années lorsque nous avons voulu lancer une campagne d’information, le graphiste a refusé d’inscrire le mot “avortement” sur l’affiche. Il a bien voulu mettre “IVG”, mais le mot “avortement” n’est pas utilisé car il est considéré comme un “gros mot”

Une adoption historique

“Nous allons, ensemble, unis et plein d’émotions, changer notre loi fondamentale pour y inscrire la liberté des femmes”, a déclaré Gabriel Attal sur X. Le vote du Congrès fait entrer la France dans l’Histoire, devenant ainsi le premier pays à inscrire dans sa Constitution “la liberté” d’avoir recours à l’IVG. Il ne s’agit cependant pas du “droit” à l’avortement, une telle disposition engageant l’Etat à mettre en oeuvre des moyens pour garantir que ce droit soit respecté.

L’homme que je suis ne connaîtra jamais la détresse qu’ont pu connaître ces femmes, privées de la liberté de disposer de leur corps des décennies durant.

L’homme que je suis ne connaîtra jamais la souffrance physique d’alors, quand l’avortement était synonyme de clandestinité… pic.twitter.com/ewp4Wq8QrH

— Gabriel Attal (@GabrielAttal) March 4, 2024

Les associations et organisations internationales se félicitent de cette avancée, bien qu’appelant à ne pas relâcher la vigilance. “La protection de la liberté d’accès à l’avortement constitue un rempart important contre les mouvements anti-droits de plus en plus virulents”, a réagi la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

L’ONG réclame “une approche plus inclusive, afin que le droit à l'avortement soit garanti non seulement aux femmes, mais aussi aux hommes transgenres et aux personnes non binaires.”

Quand d'autres pays comme les Etats-Unis on fait marche arrière sur ce droit désormais constitutionnel en France, certains pénalisent encore l'avortement comme le Brésil ou Haïti.