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Immigration : 9% des refus d’entrée sur le territoire français se font en Guyane

La cour des comptes a récemment publié un rapport de plus de 140 pages qui détaille la politique nationale de surveillance des frontières, la gestion des étrangers en situation irrégulière ou encore les procédures d’éloignement. En Guyane, ce sont plus de 9 000 entrées irrégulières qui ont été comptées, soit quatre fois plus qu'il y a trois ans.

  • Par: adminradio
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En matière d'immigration irrégulière, les situations diffèrent évidemment selon le territoire, que l’on soit dans l’Hexagone ou en Outre-mer. Si la quasi-totalité du phénomène se passe à Mayotte, la Guyane est à l’origine de plus de 9% des non-admissions au niveau national. 

« Mayotte et la Guyane concentrent à elles seules 97% des non-admissions ultramarines. C’est à Mayotte que l’on enregistre la quasi-totalité des étrangers en situation irrégulière (42 134 en 2022, + 82% en trois ans), dont environ la moitié a été éloignée en 2022, surtout vers l’archipel des Comores. La Guyane est, quant à elle, à l’origine de plus de 9% des non-admissions au niveau national (9165 en 2022, plus qu’un quadruplement en trois ans), essentiellement aux frontières du Suriname et du Brésil ».

Les chiffres ont plus que quadruplé en trois ans selon la cour des comptes. Ces refus d’entrée sur le territoire se font essentiellement aux frontières (difficiles à surveiller) du Suriname et du Brésil : selon la police aux frontières, 1 000 pirogues traversent quotidiennement le Maroni. Le contrôle des flux est donc stratégique, mais les moyens de l’Etat sont dispersés et ne produisent que peu de résultats. En cause notamment : le manque de personnels et de moyens nautiques, qui ne permettent pas à la police aux frontières d’assurer une présence permanente sur les deux fleuves. 

« La police aux frontières prononce près de 10 000 non admissions par an, mais n’assure pas de présence permanente sur les fleuves Oyapock et Maroni, par manque de personnels et de moyens nautiques »

Le rapport prend l’exemple des patrouilles en bateau effectuées sur le fleuve : la PAF, la police aux frontières est autorisée à contrôler l’identité des passagers des pirogues mais pas les biens transportés, quand bien même il s’agirait de matériels destinés à l’orpaillage illégal ou au trafic de drogues, cette prérogative-là relevant des douanes. 

Parmi les conséquences néfastes de cette difficulté à maîtriser le flux migratoire, la cour des comptes note une implantation grandissante des gangs surinamiens et brésiliens, en lien direct avec les problématiques d’insécurité rencontrées sur le territoire guyanais.

Si on ajoute à cela de l’autre côté de la chaîne judiciaire, le traitement du contentieux des étrangers, là encore le même constat s’impose : trois rédacteurs à la préfecture pour traiter 1 900 affaires par an. La justice peine donc à suivre la cadence : le juge en Guyane annule plus d’une décision d’éloignement contestée sur deux.

Le rapport appuie ainsi la création d’un « état-major de souveraineté », qui serait dirigé par un sous-préfet, avec pour objectif la coordination de tous les acteurs qui participent à la lutte contre l’immigration illégale, car c’est bien d’homogénéité dont auraient besoin les services de l’Etat. 

 

(Photo: Police Nationale de Guyane)