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Pour Davy Rimane, les déclarations politiques sur le droit du sol ne sont que démagogiques

La question qui fait débat dans la classe politique ne règlera pas les problématiques de la Guyane, selon le député de la deuxième circonscription

  • Par: adminradio
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Depuis la déclaration de Gérald Darmanin, le 11 février, le monde politique s'agite et se déchire autour du droit du sol à Mayotte. Faut-il le maintenir, le supprimer, l'élargir ? Chaque élu a son avis. Le président de la République a lui-même appuyé les propos de son ministre de l'Intérieur et des outre-mers. Quant au président du Sénat, Gérard Larcher, il a même proposé de mettre fin au droit du sol dans d'autres territoires, comme la Guyane.

Pour le député guyanais Davy Rimane, ces déclarations ne servent que les intérêts de ces élus, et non ceux des habitants : 

“C’est de la démagogie, ce sont des déclarations politiques qui caressent dans le sens du poil les militants et les élus RN (Rassemblement National), pour continuer à croire qu’en faisant cela ils feront barrage au Rassemblement National, mais au contraire ils leurs servent de strapontin.”

Le député fait le parallèle entre cette déclaration et la loi immigration votée en janvier 2024, une stratégie qui devrait se retourner, selon lui, contre l’exécutif. Pour Davy Rimane, le problème est ailleurs et réside dans le mode de gestion des pouvoirs régaliens, qui produit de la misère et empêche l'intégration des personnes migrantes : 

“Le système tel qu’il est appliqué actuellement alimente et fait grossir des bidonvilles, qui sont des zones de non-droit. Il faut éradiquer les bidonvilles avec en parallèle des campagnes de relogement et de réhabilitation. Je pense au quartier Sablance à Macouria où on ne pourra pas reloger 5000 personnes, donc il faudra réhabiliter tout un quartier et que les habitants participent. On ne peut pas parler d’intégration pour des personnes qui vivent dans ces lieux d’habitat spontané qui ne leur permettent pas d’être intégrés totalement dans le tissu guyanais.”, avance-t-il.

Devant les défis structurels auxquels la Guyane fait face, le député GDR estime que la question du droit du sol n’est pas pertinente ici. Pour lui, le flux migratoire est lié à une configuration géographique propre à la Guyane, avec le Brésil et le Suriname voisins n’ayant pour frontière que les fleuves Maroni et Oyapock.

“(La suppression du) droit du sol n’empêchera rien du tout et n’arrangera rien du tout. Il faut qu’on arrête de croire que les gens se déplacent sur notre territoire parce qu’ils rêvent que leurs enfants deviennent français. C’est pure fantaisie, c’est pure hérésie. On sait pourquoi les gens viennent sur notre territoire : ils peuvent se faire soigner, ils peuvent accéder à certaines richesses, avoir un peu d’argent pour envoyer à leurs pays d’origine. En plus en Guyane on a une immigration par rapport à nos pays voisins puisque nous avons deux fleuves. Ce sont des réalités totalement différentes.”, conclut Davy Rimane.

La naturalisation par droit du sol (jus soli) est accordée depuis l’Ancien Régime à “toute personne née en France et reconnaissant la souveraineté du Roi”. A la Révolution, il sera remplacé par le droit du sang (jus sanguinis), qui établit la citoyenneté par filiation, pour revenir à la fin du 19ème siècle afin de repeupler la population de la France, décimée après la guerre de 1870.

Il a été jusqu’à ce jour l’objet de révisions et d’adaptation. Par exemple, l’article 2493 du code civil prévoit déjà qu’un enfant né à Mayotte de parents étrangers ne pourra acquérir la nationalité française qu’à la condition qu’ à la date de sa naissance, l’un de ses parents au moins réside en France de manière régulière, sous couvert d’un titre de séjour, et de manière ininterrompue depuis plus de trois mois.